Je n'avais pas très bien dormi la veille. J'avais somnolé en histoire géo et en maths. La seule fois où je fus plus ou moins éveillée, fut lorsque je fus appelée au tableau par notre professeur de maths pour appliquer des formules d'exercices afin de corriger pour aujourd'hui.
Un massacre, pour la plupart j'avais tout de faux... Je détestais les statistiques de toute façon...toute ma vie je n'avais jamais rien compris aux maths.
J'étais à fleur de peau aujourd'hui. Mon cœur faisait des bonds dans ma poitrine lorsque j'apercevais au loin Andréa avec son groupe d'amis. Depuis la conversation téléphonique d'hier, je faisais tout pour éviter de croiser Paul et j'avais l'impression que ce jour-là, le destin mettait tout en œuvre pour nous réunir. Lui , par contre semblait d'excellente humeur...
La sonnerie qui annonçait la fin des cours de la matinée fut la seule à me donner un peu de bonne humeur. Mathilde, Tom, Blandine et Charlotte ne cessaient de discuter avec entrée des élections de délégués qui se dérouleraient cet après-midi. Je les suivis en silence jusqu'à la cantine, et décidai de faire un effort pour participer au mieux dans la conversation lorsque nous nous installâmes à notre table. Mon humeur se grisa un peu lorsque j'aperçu Paul Mortigny apparaitre dans mon champ de vision.
Lorsqu'il pénétra dans la cantine, son premier réflexe fut de dépasser la file de queue avec son plateau, puis il balaya la salle d'un regard et parut satisfait lorsque son regard se posa sur notre table. Puis il s'était tourné vers les jumeaux Sonnary qui s’étaient mis à rire. Andréa était arrivé peu de temps après. Mon cœur se serra lorsque je vis Alexine passer à côté de lui et passer un bras autour de sa taille...
C'était quoi ce délire? Ils étaient de nouveaux ensemble?
Une vague de jalousie me submergea. Je fis tout mon possible pour paraitre normale lorsqu'ils passèrent tous deux devant notre table pour s'installer à une table séparément un peu plus loin de la nôtre.
-Vous avez vu ce que j'ai vu ? Fit Charlotte en se retournant à leur passage.
-Je pense qu'ils ont remis le couvert. Avoua Tom. Je les ai vu arrivés ensemble ce matin, et Alexine avait un gros sac, on aurait dit qu'elle revenait d'une petite escapade nocturne...
Tous les yeux de la table se posèrent sur moi.
-Quoi? Fis-je en dégustant mon hamburger.
-Pas trop déçue? Risqua Mathilde, en grimaçant.
-Je n'ai jamais espéré plus d'Andréa, donc non. Soufflai-je en baissant les yeux.
-Il vient toujours chez toi ce soir ? S'enquit Blandine.
-Oui.
Je me raclai la gorge pour faire part de mon agacement. Les autres changèrent aussitôt de sujet de conversations. Mais je savais que le lendemain elles ne démordraient rien et je devrais leur faire un compte rendu de ce soir avec Andréa.
Mes yeux balayèrent de nouveau la cantine. Je ne pus m'empêcher de regarder Alexine et son groupe d'amies. Beverly McKennely venait de rejoindre leur table.
-Tiens, Beverly a rejoint leur table. Commenta Tom.
-Je croyais qu'elles s'étaient fâchées en sport. Souligna Charlotte, surprise.
-C'est le cas. Acquiesça Blandine.
-Pourquoi elles se sont fâchées? M'intéressai-je.
-Beverly a une langue bien pendue, tellement bien pendue qu'elle ne se rend pas compte qu'elle critique sans retenue ses copines et qu'il y a des oreilles partout. Se moqua Tom. Margaux lui a remis les idées en place vendredi dernier et Alexine lui a donné le coup de grâce.
-D'ailleurs tu es à côté de Margaux en français, ça va ? Demanda Mathilde à mon adresse.
-Elle n'est pas si terrible que ça. Avouai-je. Je pense que sans ses amies elle est différente.
-J'ai l'impression qu'elles sont toutes comme ça dans leur groupe. Ajouta Mathilde en observant leur table. Ensemble elles sont totalement différentes.
-Vous savez que Louise était ma meilleure amie en primaire? Souffla Charlotte.
-Vous semblez ne même pas vous connaitre. Remarquai-je.
-On habite dans la même résidence, elle me parle parfois dans le bus mais c'est tout. Acquiesça celle-ci.
-Pourquoi vous êtes-vous perdues de vue à ce point? S'étonna Tom.
-Elle est partie vivre 5 ans en Nouvelle-Zélande chez sa mère avec sa sœur. Expliqua Charlotte, pensive. On s'écrivait souvent, mais quand elle est revenue elle est tombée dans la même classe que Rosalie Pinellia au collège. Une Alexine Querrier-Bis, d'ailleurs c'était le bras droit d'Alexine. On les appelait les jumelles.
-C'était une vraie peste. Murmura Thomas en étalant son fromage sur son pain. Elle pouvait détruire la réputation de quelqu'un en moins d'une heure si elle ne l'aimait ou si elle ne l'estimait pas.
-Elle a déménagé ? S'intéressa Mathilde.
Le visage de Tom, Blandine et Charlotte s'assombrirent.
-Elle s'est suicidée. Murmura Blandine.
J'étais atterrée. Comment était-ce possible d'avoir envie de mourir si jeune?
-C'est glauque, pourquoi ? Demanda Mathilde.
-Enfin on ne sait pas vraiment si elle s'est suicidée. Avoua Blandine. Elle avait vraiment mauvaise réputation tu sais. Certaines terminales du lycée venaient parfois au collège pour lui demander des comptes, non mais tu imagines?
-Elle était vraiment belle et sortait avec des terminales donc évidemment cela provoquait de la jalousie un peu partout. Ajouta Charlotte. Elle est sortie avec Marc Lunari lorsqu'il était en seconde il me semble...
-Moi personnellement je pense qu'elle ne s'est pas suicidée. Soupira Tom, pensif.
-Que s'est-il passé? Poursuivit Mathilde, visiblement passionnée par l'histoire.
-On l'a retrouvée morte dans les bois. Souffla Blandine qui regardait autour d'elle, craintive que quelqu'un ne l'entende. Overdose, coup classique mélange de médicaments et d'alcool.
-C'est horrible. Murmurai-je, mal à l'aise.
-Elle aimait trop la vie pour se suicider. Trancha Charlotte. Pour moi elle a bu, et on lui ajouté un truc dans son verre pour qu'elle fasse une overdose.
-Et on l'aurait trainé dans la foret? S'étonna Tom.
-Les journaux disaient qu'il ne semblait pas y avoir d'actes de violence ou de lutte sur elle ou même à l'endroit où ils l'ont retrouvé. Expliqua Blandine.
-Pour moi elle n'était pas seule, elle a été à cet endroit accompagnée, et la ou les personnes l'ont regardé mourir, point. Fit Charlotte d'un air triste.
Il y eut un silence pesant à table.
-Et je ne suis pas la seule à avoir pensé à cette théorie. Ajoute-t-elle. Il aurait fallu que vous la connaissiez ou que vous la côtoyiez pour comprendre ce qu'elle représentait vraiment.
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JugendliteraturKhadija vit avec ses deux petites sœurs et sa mère dans les quartiers populaires de la ville de St Joseph. Toujours accompagnée de ses amis d'enfance et de quartier : Sarah, Chang, Momo et Ben, sa vie va pourtant bientôt être chamboulée... Car étant...