12-

85 5 0
                                    

PDV Thomas :

- Cours plus vite, bordel !

Je pointe mon canon sur Hugo, qui redouble l'allure. Enfin. Cet imbécile a repéré des hommes armés qui patrouillaient dans la forêt, il y a près de trois heures. Nous nous sommes enfuis pour leur échapper, et j'ai refusé qu'on s'arrête depuis.

Ce n'est que lorsque je me sens moi-même faiblir que j'autorise une pause. Aussitôt, tous se laissent tomber sur le sol. Je fais de même, et avant d'avoir eu le temps de dire « ouf », je m'endors.

Le lendemain, c'est la voix caractéristique d'Emily qui me réveille : 

- Tom', debout !

J'ouvre difficilement les yeux. Un rayon de soleil qui s'est infiltré à travers les branches m'éblouit, et je me redresse. Alors, une odeur particulière me fait froncer les sourcils. Ils ont fait un feu, et font cuire un oiseau et un poisson dessus.

- Comment est-ce que vous avez attrapé ça ? demandé-je en m'étirant.

- Pour l'oiseau, j'ai eu de la chance, me répond Emily en tentant de démêler ses longs cheveux de jais.

J'écarquille les yeux. Elle a tué un oiseau ? 

- Et le poisson était si con que c'est presque s'il ne se jetait pas pour crever à mes pieds, continue distraitement Jonathan.

J'acquiesce, quoiqu'hébété, et nous mangeons tranquillement, avant de reprendre la route, dans le calme, cette fois. Hugo ne dit rien, et nous parlons de temps à autres.

Ce n'est que le surlendemain que nous sommes bloqués par une sorte de barrière de ronces. Kyle, presque complètement remis grâce au contenu de la trousse de secours de l'hélicoptère tente de s'y aventurer, sans succès. Les ronces sont trop denses et les arbres trop fins pour pouvoir s'y accrocher.

- Impénétrable, déclare-t-il en reculant. Et ça m'a l'air de s'étendre loin.

- On dirait que c'est un barrage... marmonne Emily en s'approchant.

- Ou alors c'est la nature qui fait des siennes, rétorque Jonathan, une main sur le bras d'Hugo. Il y a des manières plus efficaces de faire un barrage.

- On contourne alors ? Il doit bien y avoir une brèche quelque part.

- On n'a pas vraiment d'autre solution...

Nous nous engageons alors plus profondément dans la forêt, nous éloignant de la rivière. Kyle s'approche de moi.

- Tu es sûr qu'on ne va pas se perdre ?

- Sûr. La source n'est plus très loin.

- Comment est-ce que tu sais ça ?

- Les poissons sont de moins en moins nombreux. Ils ont pondu, et il redescendent.

Emily opine du chef, et nous continuons une bonne dizaine de minutes, sans pour autant qu'il y ai la moindre brèche. Mais soudain, un cri me fait sursauter :

- Putain !

Je me retourne brusquement, pensant qu'il s'agit de Jonathan qui a du mal avec Hugo, mais non, les deux se sont retournés aussi. Un garçon sort alors la tête des ronces. Ses cheveux bruns sont en bataille, et ses yeux noirs pétillent d'une lueur de malice.

Je reste là, bouche bée. Il est de l'autre côté des ronces. Sa bouche s'entrouvre à son tour, et il part en courant.

- Attends ! je m'exclame en courant vers lui.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant