62-

19 1 0
                                    

Ce matin, lorsque Nathanaël débarque dans la salle d'entraînement, légèrement en retard, il paraît préoccupé. Voilà quelques jours que nous avons appris les intrusions de plus en plus régulières sur le territoire et d'après Ejlan, auprès duquel mon cousin se renseigne tous les matins, ils ont de plus en plus de mal à les repousser.

Amal n'est pas là, ce matin. Owen m'a informé qu'il avait été retenu pour une raison qu'il ignore et que c'était donc lui notre entraîneur pour la journée.

- Un problème ? J'interroge alors.

- Ejlan m'a dit qu'ils ont lancé une attaque qui a nécessité beaucoup plus d'hommes que d'habitude. Ils sont en train de se battre en ce moment, et je ne sais pas ce qui pourrait arriver si on perdait.

- Amal a dû être envoyé là-bas, devine aussitôt Owen.

Je fronce les sourcils.

- Si c'est ça, c'est beaucoup plus grave que ce qu'on pensait.

- Vous allez peut-être me prendre pour un fou mais j'ai très envie d'y aller, marmonne Nathanaël en pinçant les lèvres. Après tout, c'est à cause de nous s'ils sont parvenus jusqu'ici...

J'opine du chef pour confirmer ces propos, mais Owen s'oppose aussitôt :

- Non, vous êtes complètement fous. On se ferait massacrer. On ne sortira que si l'ordre est donné.

Je me tourne vers lui.

- Je ne pense pas être si à la ramasse. Naïm ne nous donnera jamais l'ordre de sortir. Pas à nous deux, dis-je en désignant Nathanaël.

Ce dernier renchérit :

- Il ne supportera pas d'envoyer sa fille et son neveu au combat.

Owen soutient un instant le regard de mon cousin, avant de secouer négativement la tête.

- N'y pensez même pas. Vous ne sortirez pas d'ici. Qu'est-ce que je dirais à Naïm, moi, après ?

- Ça ne t'arrive jamais de transgresser les règles ?

Il me lance un regard noir.

- Je dois la vie à Naïm. La moindre des choses est de lui obéir en retour.

- Naïm sera tué s'ils parviennent jusqu'ici. Si tu veux rembourser ta dette, alors ce n'est pas ici qu'il faut agir.

- Je ne changerai pas d'avis, Lou'.

Je grimace, frustrée. Il faut que je sache si ce sont réellement les Enfants qui attaquent, et si c'est le cas, alors il faudra agir vite, ils ne mettront pas longtemps à mettre la main sur le QG. Owen demande à ce qu'on commence l'entraînement, et c'est donc distraits que nous commençons à courir.

Mais alors que je mets mon cousin à terre, une alarme se déclenche brusquement à l'extérieur et me fait sursauter. Je relève aussitôt la tête et regarde autour de moi. Nathanaël se relève, sourcils froncés, et Owen lève lui aussi la tête.

- C'est l'alarme des renforts, marmonne Nathanaël.

- La quoi ?

- L'alarme des renforts, explique-t-il. En gros, chaque personne capable de se battre doit se rendre immédiatement sur le terrain.

Je me tourne brusquement vers Owen.

- Tu ne peux pas dire non, là.

Ses yeux noisette se posent sur moi, et il termine :

- Chaque personne capable de se battre, excepté les mineurs.

- Je suis majeur et toi aussi, proteste aussitôt Nathanaël.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant