Je n'ai pas aussi bien dormi depuis des lustres. A croire que la remise au point d'hier a soulagé mon subconscient. De fait, ce matin, lorsqu'Owen vient ouvrir ma cellule, je suis tout à fait réveillée, et il ne me faut qu'une seconde pour remarquer qu'il semble préoccupé.
- Un problème ? j'interroge en m'approchant.
Le châtain se mord la lèvre en me tendant une main pour que je lui donne mes poignets, et soupire :
- Naïm souhaite te voir. Il n'a pas voulu me dire pourquoi.
Mon cœur rate un battement. Il s'est finalement décidé. Depuis qu'il a renvoyé les quatre autres chez eux, sont attitude envers moi est étrange. Je sais qu'il a trouvé mon identité, mais j'ignore jusqu'à quel point. Je sors de ma cellule en silence, et, plus parce que je suis nerveuse qu'autre chose, je lâche :
- A te regarder, j'ai l'impression que c'est toi, qu'il a convoqué.
- Je ne suis pas inquiet pour toi, si c'est ce que tu suggères, râle Owen.
J'esquisse un sourire, et lève mes mains liées vers le haut. Le châtain m'escorte jusqu'à la salle de bain, où je prends une douche froide. Je préfère être alerte si je dois m'entretenir avec le chef à propos de mon passé. Owen m'emmène ensuite jusqu'au bureau de Naïm. Lorsque les portes s'ouvrent, je ne sais pas ce qui attire mon attention en premier. Le bazar monstre, ou l'air tendu de Naïm.
- Lou', me salue-t-il. Owen, attend-la à l'extérieur je te prie.
Après une brève seconde d'hésitation, le jeune homme acquiesce et me laisse entrer dans le bureau, qui ressemble plus à un capharnaüm qu'autre chose, pour refermer les portes devant lui. Le chef aux yeux vairons est assis derrière son bureau, qui croule sous une montagne de papiers. Contrairement à la dernière fois où je suis venue, des notes sont épinglées sur tous les murs, laissant à peine de la place aux cadres accrochés là de longue date. L'un d'entre eux est de travers, en équilibre précaire sur un clou abîmé.
Prudemment, je vais m'assoir sur la chaise en face du bureau, étonnamment vide. Naïm soupire, jette un coup d'œil à son ordinateur, puis lâche :
- Louise SEMPEY.
Comme je ne suis pas surprise, j'ai moins de mal à ne pas réagir. Naïm fait une pause, puis complète :
- Fille d'Elizabeth SEMPEY, tante de Nathanaël.
Il relève la tête pour m'observer, alors, j'acquiesce calmement. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Ma mère n'est pas ce qui m'inquiète le plus. Naïm lie ses mains devant lui, sur une pile de feuilles tâchées d'encre.
- Est-il au courant ?
Cette fois, mon mouvement de tête est négatif.
- Pourquoi ?
Je sens qu'il est tendu. Plus tendu que d'habitude, et la perspective de ce qui peut le déranger à ce point me fait peur. Comme je n'ai pas envie de justifier mes décisions concernant mon cousin devant lui, je lance :
- Viens-en à ce qui te tracasse, Naïm.
Le chef soupire, et je sens qu'il a du mal à trouver ses mots.
- Tu sais que je suis l'oncle de Nathanaël.
- Une des raisons pour lesquelles je ne lui ai rien dit.
Si je pouvais éviter de m'affilier à lui d'une quelconque manière, même s'il était le frère de ma mère...
- Ton père est Luc SEMPEY ? interroge-t-il.

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Solivagant
AçãoSolivagant [n] : qui erre seul, aventurier solitaire. «- De quoi as-tu peur ? Je me pince les lèvres. De quoi ai-je peur ? Mes menottes glissent le long de mes poignets, et je me retourne pour lui faire face. Ses yeux noisette étudient mon visage a...