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Par chance, un homme de Naïm nous a pris en charge et grâce à lui, nous avons réussi à arriver jusqu'à la rivière. Owen est de plus en plus mal en point, sa blessure ne s'arrête pas de saigner. Lorsque nous arrivons au bord de l'eau, je l'assois, et l'homme m'informe :

- On a prévu ce genre de choses, une équipe est sur place pour emmener les blessés les plus graves.

Je hoche la tête alors qu'Owen gémit en s'asseyant.

- Merci. Nous les trouverons.

Il me salue avant de rebrousser chemin pour retourner aider. Je me tourne vers Owen. Je sens qu'il peine à garder les yeux ouverts, et des larmes de douleur qu'il ne contrôle certainement pas dévalent ses joues. J'inspire profondément.

- Ecoute-moi, on va devoir traverser la rivière. Ça risque de faire très mal, mais après, on aura de l'aide, d'accord ?

La mâchoire serrée, il hoche la tête, alors je retire son bras de mes épaules pour avancer dans l'eau la première. Aussitôt, le froid me saisit, et je grimace. Mon bras non plus risque de ne pas apprécier.

- Le mieux, c'est que tu t'allonges, je vais essayer de te tirer jusqu'à l'autre bout. Tu n'y arriveras pas debout.

Il ferme un instant les yeux avant de hocher la tête une nouvelle fois. Alors, je l'aide à se retourner dos à l'eau, passe mes mains sous ses épaules, et le tire lentement vers la rivière. Mais à peine l'eau gelée entre en contact avec sa plaie qu'il se raidit entièrement et pousse un cri de douleur. Je grimace mais continue à le tirer alors que ses jambes s'enfoncent dans l'eau. Je m'arrête, et vais soutenir son dos plus que sa tête. Sa respiration s'est accélérée et il ferme les yeux le plus fort possible.

- Courage, marmonné-je si bas que le bruit de la rivière emporte mes paroles aussitôt.

Je parviens à avancer, lentement, l'entraînant avec moi, quand, à un mètre du bord, je glisse et le courant nous emporte brusquement. Surprise, je remonte la tête hors de l'eau alors que mon bras me fait aussitôt sentir que l'eau sur la plaie est une mauvaise idée, et j'attrape Owen pour le maintenir hors de l'eau du mieux que je peux.

Et comme je l'ai fait la première fois que je suis tombée dans cette rivière, je nous laisse porter en me rabattant petit à petit vers la rive. Là, j'accroche une branche de mon bras blessé, et jure dans ma barbe alors que la douleur semble déchirer mon bras de l'intérieur. Je tire Owen vers le bord, et par je ne sais quel miracle, je parviens à nous remonter tous les deux.

Je m'effondre sur le sol, épuisée et le bras horriblement douloureux, avant de prendre une inspiration et tirer Owen un peu plus loin de l'eau. Ses yeux sont fermés, il respire vite, mais je sais qu'il est encore conscient. Je passe ma main sur sa joue et murmure :

- Allez, un dernier effort et on y est, s'il te plaît...

Lentement, il rouvre les yeux, et son regard semble passer sur mon bras alors que je le force à se redresser, et il marmonne d'une voix déformée par la douleur :

- Putain, Lou'...

J'ignore sa remarque et passe son bras par-dessus mes épaules avant de le forcer à se relever. Il grogne de douleur, s'appuyant sur moi de tout son poids. Ainsi, nous progressons un peu à l'aveuglette, et la chance semble être avec nous, puisque nous finissons par débarquer dans la petite clairière, où une dizaine de voitures et camionnettes sont garées, et où quelques hommes et femmes s'affairent autour des blessés qui ont pu rejoindre la clairière.

L'un d'entre eux nous repère, et se précipite vers nous.

- Mon dieu ! S'exclame-t-il alors qu'une femme vole à sa rescousse.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant