Nous avons roulé sans accrocs durant une heure. Je suis plus attentive à mon rétroviseur qu'à ce qu'il se passe devant moi, guettant la moindre voiture. L'insigne des Enfants est si petit que si CIRILLO ne désire pas me revoir vivante, je serai morte avant d'avoir pu les identifier.
Sur la route d'en face, un motard nous fait des appels de phares, auxquels je réponds. Avec un peu de chance, ils ne nous identifieront pas tout de suite, et n'abattront pas le premier motard qu'ils voient. Le casque nous donne un avantage.
Connaissant les Enfants, s'ils veulent être sûrs qu'il s'agit de nous, ils enverront un éclaireur.
Alors que cette pensée traverse mon esprit, j'aperçois une moto arriver vers nous, à grande vitesse. Je plisse les yeux, gênée par l'état de propreté à revoir de mon véhicule, mais lorsque j'identifie le sigle en dessous du phare, je hurle à Nathanaël :
- Accélère !
Je joins mes paroles d'un mouvement de la main, et mon cousin saisit le message. Il accélère et je fais de même, l'œil rivé sur l'éclaireur. Seulement, sa moto est bien plus performante que les nôtres et il se rapproche à vue d'œil. Visiblement, il nous a identifiés. Les voitures ne vont pas tarder.
Le cœur battant, les mains moites, j'accélère encore et fait signe à Nathanaël de sortir de l'autoroute sur laquelle nous sommes. Il opine et s'engage vers la sortie. Je le suis, regard rivé sur le motard derrière nous. La sortie se divise en deux routes. A gauche, et à droite. L'une donne la possibilité de se rengager sur l'autoroute dans l'autre sens après avoir tourbillonné et payé, l'autre pas.
Derrière nous, des voitures sortent également. Je grimace, et marmonne :
- Je suis désolée, Nathanaël.
Je lui fais signe de tourner à gauche. Il obtempère, je le suis. Mais au dernier moment, alors qu'il est déjà trop tard pour lui de faire demi-tour, je tourne brusquement à droite, évitant un poteau et la moto glisse sur l'herbe mouillée, avant de s'engager sur la route de droite.
Je jette un coup d'œil à Nathanaël. Il a freiné brusquement, tête tournée vers moi, mais ne peut se résoudre à faire marche arrière, le trafic, même ici, est trop dense. Le motard, quant à lui, avait remarqué que je donnais les indications, et comme je m'y attendais, c'est moi qu'il a prise en chasse.
Me détournant de mon cousin, j'appuie sur l'accélérateur et le moteur vrombit. Je prends les petites routes de campagne, de manière à être moins dérangée par les voitures, et accessoirement pour les éloigner de la civilisation le plus possible. Je sais que les voitures ne vont pas tarder, même si moins rapides.
L'autre me rattrape lentement mais sûrement, jusqu'à se positionner juste à côté de moi. Dans un risque certainement inconsidéré, je donne un coup de volant et ma moto percute la sienne. Je manque de perdre l'équilibre alors qu'il se voit forcé de freiner pour ne pas tomber à la renverse. Seulement, cette proximité m'a permis d'identifier un pistolet dans sa ceinture.
Donc pour le moment, il doit me maintenir en vie.
Notre course-poursuite se prolonge encore jusqu'à un village voisin. Là, l'Enfant semble se lasser de me suivre, puisqu'un coup de feu résonne, et ma moto tombe brusquement à la renverse. Tout en m'écrasant contre le sol, je dégaine mon pistolet, et alors que la vitesse me fait glisser sur plusieurs mètres, je tire dans sa direction. La balle atteint sa poitrine, et il tombe à la renverse lui aussi.
Je me relève rapidement, le pull déchiré, les bras ensanglantés, et il ne me faut qu'une seconde pour m'apercevoir que le motard, lui aussi vêtu d'un gilet pare-balle, a survécu à celle qu'il vient de prendre. Il se relève, et je cours vers lui pour shooter sa main avec mon pied. Son pistolet est éjecté à plusieurs mètres de là, et aussitôt, il me saute à la gorge.
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Solivagant
AcciónSolivagant [n] : qui erre seul, aventurier solitaire. «- De quoi as-tu peur ? Je me pince les lèvres. De quoi ai-je peur ? Mes menottes glissent le long de mes poignets, et je me retourne pour lui faire face. Ses yeux noisette étudient mon visage a...