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Nous avons roulé durant des heures, des heures qui m'ont épuisée, faute de devoir faire attention à la moindre voiture, la moindre chose qui sortirait de l'ordinaire, tout en gardant un œil sur le ciel. Après que je me sois agacée, l'habitacle a été plongé dans un silence de pierre, alors Owen a finit par allumer la radio.

Je remarque que nous commençons à pénétrer dans des bois quand il éteint brusquement la musique, me faisant sursauter. Quelques secondes passent sans qu'il ne parle, puis :

- Ça va, je suis désolé, souffle-t-il, comme s'il était ennuyé.

Je ne peux m'empêcher d'émettre un sourire en coin.

- Tu as mis ta fierté de côté ?

Il me fusille du regard avant de reporter son attention sur la route. Je ricane :

- C'est dur, hein...

- Tu m'agaces, grommelle-t-il.

- Toi aussi, tu m'agaces. Ça fait sept heures qu'on roule !

Cette fois, il ne peut s'empêcher de rire légèrement.

- C'est toi, qui est partie aussi loin.

- Mais c'est Nathanaël que tu venais chercher.

Il acquiesce dans une grimace.

- On ne devrait pas tarder.

Je hoche la tête.

- J'ai remarqué.

- Comment est-ce que tu es sortie du QG ?

- J'ai sauté dans un camion.

Il tourne la tête vers moi, sourcils froncés.

- Sauté dans un camion ? Répète-t-il.

Je hausse les épaules.

- Depuis le toit, ce n'était pas très difficile.

- Mais comment est-ce que tu es montée sur le toit ? S'indigne-t-il, et je ricane.

- Les bouches d'aération. Il y avait une entrée dans les toilettes du hall.

Il secoue négativement la tête, exaspéré.

- Tu aurais dû voir la tête de Naïm quand je lui ai annoncé ça...

- Je sais, Nathanaël m'a raconté. Mais à mon avis, tu ne devais pas en mener large non plus...

Il laisse échapper un léger rire.

- Oui, c'est possible.

La voiture s'engage dans un chemin de terre, et je jette un coup d'œil derrière nous.

- On a eu de la chance de ne croiser personne d'autre, habituellement ils sont plus acharnés...

- Peut-être n'en voyaient-ils pas l'importance. D'ailleurs, pourquoi est-ce qu'ils n'avaient pas des voitures de police ?

- Les voitures banalisées sont plus pratiques pour passer inaperçus. La preuve ; on ne les a pas vus arriver.

Il hoche la tête, et je reporte mon regard devant nous. Nous roulons en pleine forêt pendant encore presque une heure, et lorsque la bâtisse du QG se dresse derrière les arbres, mes jambes fourmillent, endolories à force de rester dans la même position. Owen contourne le bâtiment et va se garer sur un « parking » extérieur. Tout en détachant ma ceinture, je lance :

- Il faut vérifier qu'aucune puce de localisation n'a été placée sur la voiture.

Il opine et nous sortons d'un même mouvement. Je m'accroupis pour inspecter la voiture sous tous ses angles, mais rien ne me semble anormal. Je me redresse pour inspecter le capos, mais rien. Ce serait presque trop facile.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant