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Lorsque la porte s'ouvre sur Owen ce matin, il n'est pas seul. La jeune fille dont il m'a parlé hier, Abigail, est debout derrière lui. Fatiguée, je m'avance jusqu'à eux le pas traînant. Pour une raison que j'ignore, le sommeil m'a fuit cette nuit, et je n'ai pas dormi. Donc, je suis exténuée. Les yeux noisette d'Owen parcourent un instant mon visage, et il interroge :

- Tu vas quelque part ?

Je lui jette un coup d'œil.

- Pourquoi ?

Il esquisse un sourire, et effleure le dessous de mon œil. J'ai un mouvement de recul, et il lâche :

- Tu as de ces valises...

Derrière lui, Abigail rit légèrement, et je hausse les sourcils. Il me faut quelques secondes pour comprendre la plaisanterie qu'il vient de faire.

- Toi, tu te mets aux blagues ? marmonné-je en lui tendant mes poignets.

Il hausse les épaules, visiblement fier de lui.

- Ça m'arrive.

Je lève exagérément les yeux au ciel.

- Mon Dieu, reste chiant, ça te va mieux.

Owen s'avance d'un pas pour me mettre les menottes, et tout en attrapant mon poignet, il me glisse :

- Imbécile et chiant, de mieux en mieux...

Je secoue négativement la tête alors qu'il recule d'un pas et me désigne la jeune femme derrière lui.

- Abigail, dont je t'ai parlé hier.

Mes yeux se posent sur elle alors qu'elle force un sourire dans ma direction. Je me contente de la dévisager un instant, avant de me détourner.

- C'est fou comme les gens ont tendance à être plus agréables lorsqu'ils veulent quelque chose de toi.

Owen esquisse un sourire et accroche mon bras alors que je le contourne pour me diriger vers les douches. Il fait signe à sa compagne de nous emboîter le pas, et elle obtempère alors qu'il me murmure :

- La demoiselle a le moral aujourd'hui...

Je le fusille du regard alors qu'Abigail lance :

- Je suis désolée pour l'autre jour. J'ai dû... faire mauvaise impression.

- Ce n'est pas peu dire, marmonné-je plus pour moi-même que pour elle alors que nous nous arrêtons devant la salle de bain.

Owen détache mes menottes, et je m'enferme à l'intérieur sans un regard. Là, je prends une douche rapide, froide pour me remettre les idées en place, et enfile des vêtements propres, me brosse les dents, et lorsque je ressors, je me sens un peu plus en forme. Abigail, les yeux rivés sur sa montre, esquisse un sourire :

- Huit minutes. Je te nique, Owen.

Le châtain lève les yeux au ciel en attrapant mon poignet, et sourit :

- Tu as fait exprès d'aller plus lentement que d'habitude ?

- Pour le plaisir de te voir perdre, je réponds, comprenant qu'ils ont parié sur le temps que je prendrais à me doucher.

Owen fait semblant de m'envoyer un regard noir, et j'adresse un hochement de tête à Abigail.

- Qu'est-ce que tu me voulais ?

Elle se pince les lèvres, et détourne un instant les yeux.

- En savoir plus sur toi. Je veux dire, on t'a longtemps décrite comme « l'Intrus », dangereuse, qui tuait nos hommes, et maintenant, tu manges à la table de Naïm, les garçons semble t'apprécier...

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant