Je me réveille en sursaut lorsqu'un klaxon retentit. Je suis tiraillée de partout, les sacs me font horriblement mal. Et si j'en crois les bruits autour de moi, je suis sur une route. Une grande, route.
Péniblement, je déplace les sacs qui recouvrent mon corps, et me redresse. Mon regard croise celui d'un petit garçon à l'arrière d'une voiture qui nous double. Sa mâchoire se décroche, mais avant de pouvoir faire quelconque signe à sa mère, concentrée sur sa route, il nous dépasse. Je jette un coup d'œil derrière moi. Une vitre permet aux deux hommes à l'intérieur du petit camion de surveiller leurs sacs. Apparemment, ni l'un ni l'autre ne m'a vue.
Je me risque alors à regarder autour de moi. Nous sommes effectivement sur une autoroute. Je me laisse retomber dans mon trou, le corps engourdi. Je n'ai plus qu'à attendre. De fait, je m'endors de nouveau, et ce n'est que l'arrêt du petit camion ouvert qui me réveille. Des voix masculines me font ouvrir les yeux, et je me raidis entièrement quand les deux hommes sortent pour s'adresser à ces voix.
Ils échangent quelques mots, j'entends notamment que le camion transporte une centaine d'armes, toutes chargées, et que le patron a gardé une chambre pour que les conducteurs passent la nuit dans un vrai lit. J'entends ensuite leurs pas s'éloigner, et un vacarme assourdissant envahi mes oreilles. Lorsque le bruit disparaît, tout est plongé dans un silence presque affolant.
Prudente, je décale légèrement l'un des sacs. Si l'homme qui a parlé achète des armes, alors il doit sûrement avoir des caméras parsemées un peu partout. La taule lisse et grisâtre du toit m'informe que je dois me trouver dans une sorte de hangar. Alors, je me risque à pousser un peu plus l'énorme sac qui m'écrasait l'entièreté du corps depuis une après-midi entière, et me redresse, courbaturée. Mon dos et ma poitrine me font souffrir, et le moindre mouvement semble appuyer sur des bleus.
Je prends une inspiration, avant de m'extirper de là, ouvrir un sac. Celui-ci est rempli d'armes de petit calibre. Je saisis un pistolet, que je coince dans ma ceinture, referme le sac et saute du véhicule. Mes jambes flanchent sur le coup, mais je me redresse rapidement, le cœur battant.
Je me trouve effectivement dans un vaste hangar quasiment vide. Seules quelques voitures patientent çà et là. Discrètement, je rabats ma capuche sur ma tête et trottine jusqu'à la porte. Je tente de l'ouvrir, mais elle crisse si fort que je m'arrête net, tendue au possible.
Bon sang, alors le bruit assourdissant venait de là.
Je patiente quelques secondes afin d'être sûre de n'avoir alerté personne, avant d'ouvrir le reste de la porte coulissante et m'éclipser du hangar. J'hésite un instant, avant de la refermer derrière moi et courir vers le grillage, et plus précisément la grille d'entrée. Je m'arrête devant et grimace en constatant qu'elle est faite comme les barrières militaires. Deux mètres de hauteur, et en haut, des tas de fils barbelés. Bien évidemment, il fallait qu'elle soit fermée à clef.
Je soupire avant de m'élancer, main tendue, et attraper la grille le plus haut possible. Seulement, c'est un échec et je me rabats sur le grillage, qui lui contient plus de prises. J'accroche mes doigts dans les trous, fais de même avec mes pieds, et me hisse en haut avec difficulté. Je grimace en regardant devant moi. Les barbelés vont me poser plus de problèmes. Ils sont inclinés vers l'extérieur, afin d'éviter plus les intrusions que les évasions. Voilà qui devrait me faciliter la tâche.
Je prends une profonde inspiration, avant de tendre la main et accrocher les fils. Je grimace lorsque les picots rentrent dans ma peau, et après avoir précairement posé mes pieds sur le barbelé, je parviens tant bien que mal à me mettre debout sur les fils. Je tente de faire un pas, mais les barbelés se sont enfoncés dans mes chaussures, et je bascule en avant. Mes mains s'enfoncent dans les pics et je grimace lorsque ma peau se déchire à multiples endroits.
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Solivagant
ActionSolivagant [n] : qui erre seul, aventurier solitaire. «- De quoi as-tu peur ? Je me pince les lèvres. De quoi ai-je peur ? Mes menottes glissent le long de mes poignets, et je me retourne pour lui faire face. Ses yeux noisette étudient mon visage a...