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Tom' a mis plusieurs minutes à comprendre que j'étais prête à lui mettre une balle dans la tête. Son regard est resté coincé sur moi tout le temps que les hommes me désarment. Ils m'ont confisqué mon pistolet, celui de Justin, et mon arc. Ils n'ont pas vu que j'avais un couteau dans ma chaussure, sous mon pantalon.

Après avoir appelé leurs hélicoptères, ils m'ont menottée, ont ramassé le cadavre de leur porte-parole, et nous ont traîné jusqu'à une piste plus dégagée qui leur a servi pour poser leur autogires. Je les ais laissés me pousser jusqu'à l'intérieur de l'un d'eux, et l'un des hommes à l'intérieur a tenté de me retirer mon foulard. J'ai eu un mouvement de recul, et il me regarde désormais avec un étonnement mélangé à un autre sentiment difficilement identifiable. Sarcastique, je lâche :

- J'ai tué l'un des vôtres. Nous ne devrions même pas respirer le même air, n'est-ce pas ?

Pour toute réponse, il me foudroie du regard, et me tire brutalement à l'intérieur, pour m'assoir entre lui et un autre homme. Les autres sont également entassés dans l'hélicoptère, et je les passe en revue un par un. Seul Tom' ose croiser mon regard. Je le soutiens un long moment, avant qu'il ne se morde la lèvre et se décide à fixer le sol lui aussi.

L'engin démarre, nous sommes secoués, et je nous sens décoller. Je ferme les yeux, laisse ma tête retomber contre l'armature de l'appareil. Je suis sur le point de m'endormir lorsque l'hélicoptère amorce une descente. Là seulement, je réalise dans quelle situation je me trouve.

Si Naïm me laisse en vie, je ne pourrais pas parier sur son hospitalité.

Les portes s'ouvrent, m'éblouissant au passage, et l'homme à ma gauche me force à me lever en attrapant mes mains liées. Il me pousse sans ménagement à l'extérieur, et je manque de m'étaler sur le sol en manquant la marche. Je regarde autour de moi alors que les autres débarquent à leur tour. Nous sommes sur le toit d'un bâtiment gris, et en tapant légèrement mon pied sur celui-ci, je serais prête à parier qu'il a été bâti en béton armé ou quelque chose dans le genre.

D'ici, nous avons une vue dégagée sur les environs. La forêt des montagnes s'étend à perte de vue, il n'y a qu'une petite route qui serpente parmi les arbres en direction de ce même bâtiment. D'ailleurs, ce dernier est immense. Quelques hélicoptères sont posés sur le toit, et une multitude de voitures sont garées en bas. De nombreux hommes et femmes s'activent à je ne sais quoi, ils sont trop loin pour que je puisse distinguer correctement.

Je suis sortie de ma contemplation par un pistolet posé sur mon crâne. Si j'avais été libre de mes mains, je les aurais levées en l'air d'irritation, mais je suis entravée. Alors, je me contente de laisser échapper un soupir de mécontentement, et suis l'homme jusqu'à des escaliers menant je ne sais où. En Enfer, certainement.

D'abord, l'obscurité est telle que je ne distingue absolument rien. Puis, des néons à la lumière blafarde s'allument, juste à temps pour que je vois la marche que je suis sur le point de rater. Je me rattrape de justesse, et nous descendons des escaliers en spirale jusqu'à débarquer devant un immense mur vitré. La bâtiment est très sombre, éclairé par des lumières bleutées. Notre petite escouade s'arrête devant une porte vitrée, et c'est un homme qui m'est étrangement familier qui nous ouvre. A côté de moi, Nathanaël soupire profondément. Les yeux de l'homme sont rivés sur lui, et les souvenirs me reviennent brusquement. C'est l'homme avec qui je l'ai surpris la première fois que je l'ai vu dans les montagnes.

Il se place à côté de mon cousin sans un mot, et nous sommes entraînés jusqu'à une porte mécanique qui s'ouvre après que l'un des hommes ait tapé un code sur un petit clavier à droite de celle-ci. Nous sommes poussés sans ménagement à l'intérieur, et je constate avec surprise que les gardes ne nous accompagnent pas. Nous sommes seuls. La porte se referme derrière nous, et je ne peux m'empêcher de marmonner, si bas, que personne ne m'entend :

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant