Je suis discrètement Nathanaël depuis bientôt deux jours. Il est épuisé mais déterminé. Il a essayé plusieurs fois de faire du feu, sans succès. Voyant qu'il commençait à désespérer et douter de ma présence, je lui ai rendu ses chewing-gums durant la nuit. Non seulement cela lui a donné l'illusion d'avoir quelque chose sous la dent, mais en plus, cela lui a rappelé qu'il n'est pas seul.
J'ai repassé la lettre de ma mère en boucle dans mon esprit. Visiblement, elle tenait beaucoup à ce garçon. J'ignore qui il est pour elle comme pour moi, toujours est-il que j'ai décidé de veiller sur lui en attendant.
Soudain, un bruit sourd me sort de mes pensées. Curieuse, je me rapproche de Nathanaël. Il s'est effondré. Je jure silencieusement. J'avais remarqué qu'il s'affaiblissait, il n'a pas mangé depuis une durée indéterminée, mais je ne pensais pas que c'était à ce point.
Je souffle, avant de me risquer à le laisser là pour descendre à la rivière. Je m'allonge sur la rive, et guette le moindre poisson. Un gros ne tarde pas à montrer le bout de sa nageoire, et ma flèche ne le manque pas. Fière, je le sors de l'eau, et retourne rapidement non loin de Nathanaël pour faire un petit feu.
Je plonge le cadavre à l'intérieur en observant le garçon du coin de l'œil. Il pousse un petit gémissement en se réveillant, et marmonne :
- Mais qu'est-ce que je fais...
Je me retiens de lui répondre. Il semble se rendormir, à bout de forces, et après quelques longues minutes, je sors mon poisson du feu. J'entreprends de le couper en deux, il est assez gros pour que je me le permette, et moi aussi, j'ai faim.
Je me risque à m'approcher de lui, et pose la moitié de poisson sur son torse, avant de retourner à mon arbre pour l'observer en mordant dans mon morceau. Le poids sur lui le réveille, et il se redresse vivement en voyant la moitié de poisson. Ses yeux s'écarquillent, et il le prend entre ses mains.
- Que... quelqu'un est là ?
Comme à chaque fois qu'il tente de m'adresser la parole, je ne réponds pas, alors il finit par hausser les épaules et mordre dans son poisson. Il le termine rapidement, lève la tête et marmonne :
- Merci.
Un léger sourire vient s'installer sur mes lèvres, et je l'observe se lever en titubant pour rejoindre la rivière afin de se désaltérer. Il boit, se rince le visage avant de se retourner et fixer l'arbre à côté de celui dans lequel je suis perchée. Puis, il s'en retourne dans les bois.
***
Une journée encore s'est écoulée, et je suis distraitement Nathanaël, quand il pousse un cri. Instinctivement, je brandis mon arc et m'approche discrètement de lui. Je retiens un soupir en voyant la scène qui s'offre à moi.
Nathanaël est tombé au sol, il est assis. A deux mètres de lui, un petit renard montre les dents, oreilles rabattues. Je secoue négativement la tête, amusée, avant de lever mon arc, et tirer. La flèche arrive à quelques centimètres de la tête du renard, qui pousse un glapissement avant de s'enfuir.
Je change de place, sachant que Nathanaël a vu de quel côté est parti la flèche, et me tapis derrière des buissons. Hébété, il se relève lentement, et regarde autour de lui. Puis, il s'approche de ma flèche, plantée dans le sol, et la retire d'un coup sec.
- Ça alors... murmure-t-il en l'inspectant.
Il la tourne quelques secondes entre ses doigts, avant de soupirer :
- Je m'en servirai bien pour chasser, mais je ne sais pas viser, encore moins à la main.
Il s'approche d'un arbre, la plante dedans, avant de repartir. Je souffle. Il faut que j'aille la récupérer. Si les hommes passaient par ici, non seulement ils sauraient que je suis passée, mais en plus ils sauraient quelle arme j'utilise.
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Solivagant
AzioneSolivagant [n] : qui erre seul, aventurier solitaire. «- De quoi as-tu peur ? Je me pince les lèvres. De quoi ai-je peur ? Mes menottes glissent le long de mes poignets, et je me retourne pour lui faire face. Ses yeux noisette étudient mon visage a...