Solivagant

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Je ricane alors que Nathanaël s'effondre sur le sol, décontenancé par le croche pied que vient de lui faire notre entraîneur. Si mon cousin a bien un défaut, c'est son sens de l'équilibre. Amal l'a très vite remarqué et s'en joue à longueur de journée, rien que pour le plaisir de voir Nathanaël pestiférer contre lui-même.

- Encore et toujours la même erreur...

- Je sais, je sais, j'y travaille, grommelle-t-il en se relevant. On recommence ?

En seulement quelques jours, Nathanaël a ramené un semblant de bonne humeur chez Amal. Peut-être que le fait que je ne simule plus a aidé, je n'en sais rien. Dans tous les cas, un que ça n'a pas changé, c'est Owen. J'avais espoir qu'après les explications de Naïm il réalise qu'il s'était peut-être trompé, mais si c'est le cas, il n'a pas changé sa manière de se comporter, ce qui commence à me peser de plus en plus.

Amal engage un combat contre le jeune brun, combat qu'il finit par gagner après quelques minutes d'acharnement. En se redressant, il annonce :

- On a déjà dépassé les heures d'entraînement. Rentrez, maintenant.

- Amal fait des heures sup... ricané-je en m'approchant de Nathanaël pour l'aider à se relever.

L'entraîneur lève ses yeux gris au ciel, et fait un petit signe de tête vers la porte. Je me tourne vers Owen, et il me fait signe à son tour de passer devant. Nous sortons tous les trois, et après quelques minutes de silence durant lesquelles chacun est plongé dans ses pensées, Nathanaël lâche :

- Au fait Lou', tu ne m'as jamais dit ce que Naïm t'avais dit, la veille de ta fuite.

Je me fige instantanément, surprise.

- Euh... balbutié-je, prise de court.

Je ne suis pas sûre d'être prête à lui dire qu'en réalité Luc n'est pas mon père, et que le vrai n'est autre que Naïm lui-même. Seulement, avant que j'ai pu dire quoi que ce soit d'autre, Owen se décide à intervenir :

- Je ne sais même pas pourquoi tu poses la question Nath', elle va t'inventer un mensonge.

Je le foudroie du regard.

- Tu m'excuseras d'avoir du mal à avouer des choses que j'ai moi-même du mal à intégrer, Owen.

- Donc tu n'arrives pas à intégrer ton prénom ?

- Ça n'a rien avoir, sifflé-je, je ne veux plus qu'on m'associe à Louise, je ne vois pas ce qu'il y a de mal à ça. Les autres aussi vous ont menti, et tu ne sembles pas leur en vouloir autant.

- Eh bien peut-être parce qu'il y a une raison ! S'agace-t-il en se tournant vers moi.

Gêné, Nathanaël tente d'intervenir :

- Si tu ne veux pas en parler, Lou'...

- Il y a une différence entre ne pas vouloir parler et mentir, le coupe Owen.

Je soupire alors que mon cousin grimace. Nous arrivons au croisement qui sépare nos chemins, et Nathanaël interroge :

- Il faut que je vous accompagne ou... ?

Je secoue la tête.

- Ne t'en fais pas, je suis habituée.

Owen me jette un regard noir et Nathanaël se sépare de nous après un moment d'hésitation. Nous nous engageons dans un couloir vide, et après quelques secondes, je soupire :

- Je ne comprends même pas pourquoi tu m'en veux à ce point.

- Peut-être parce que je te faisais confiance, répond-t-il sèchement sans m'adresser un regard.