L'entraînement s'est terminé dans un silence morbide. Owen, qui a peu à peu compris la situation, bouillonne depuis plusieurs heures. De ce fait, Amal a évité tout sujet sensible de tout l'après-midi. Mais est arrivé le moment de rentrer à ma chambre, et c'est donc la mâchoire contractée que le châtain me conduit dans les couloirs vides. Il n'y a jamais personne, ici. Pourtant, le self est toujours remplit par des centaines de personnes. Je me demande bien où ils se cachent tous, la journée.
N'y tenant plus, Owen finit par lâcher d'un ton acerbe :
- Tu as dit à Amal que tu n'avais pas forcément le même niveau au combat qu'au tir.
- Tu penses que c'est le cas ?
Il me fusille du regard, et je n'ai pas besoin de réponse. Je soupire.
- Il est possible que Luc ne m'ait pas appris qu'à tirer...
- Possible ? Possible ? S'insurge-t-il. Lou', est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ? Ça fait des mois que tu me mens à propos de tout, littéralement tout, et tout ce que tu trouves à dire c'est « il est possible que » ?
Je pince les lèvres et il plaque rageusement sa main sur le scanner de la porte d'entrée.
- Est-ce qu'il y en a encore beaucoup d'autres, des mensonges comme ça ? Siffle-t-il en se tournant vers moi.
Je soupire en soutenant son regard, et il souffle d'agacement et ouvrant brusquement la porte. Je pénètre à l'intérieur et lui fais signe de me suivre d'un coup de tête avant d'aller m'installer sur mon lit, jambes croisées en tailleurs. Comme Owen est resté sur le pas de la porte, je plante mes yeux dans les siens.
- Je suppose que tu veux des explications, lâché-je alors.
Il hésite un instant, visiblement très remonté, mais finit par faire un pas en avant en claquant la porte. Je pose ma main sur ma cheville blessée, et exhale lentement.
- Je ne sais pas si tu te souviens, mais un jour tu m'as dit que pour avancer il fallait accepter son passé. Je t'ai répondu que je l'acceptais, mais que c'était toi qui ne l'accepterait pas.
Se souvenant visiblement de ce soir-là, il hoche doucement la tête, crispé. J'hésite un instant, avant de me lancer :
- En fait, ce n'est pas exactement Luc qui m'a appris tout ce que je sais. Toute petite, il m'a conduite à une organisation gouvernementale visant à former les futurs militaires.
Owen contracte la mâchoire en me fixant dans le blanc de l'œil. Je baisse les yeux.
- C'est eux qui m'ont appris tout ce que je sais. Littéralement tout. Depuis mes six ans, on m'entraîne et on me répète que mon avenir est de protéger ma patrie.
Je prends une profonde inspiration.
- Cette organisation, on l'appelle « les Enfants ».
Voyant qu'il s'apprête à ouvrir la bouche, je lance :
- C'est d'eux qu'Amal parlait, oui. Naïm était au courant que j'en faisais partie, et c'était la raison pour laquelle il ne voulait surtout pas que je parte.
Je relève la tête vers Owen. Il semble encore mitigé. Je souffle.
- Owen, les Enfants ne sont pas qu'un simple regroupement de militaires. C'est la formation de l'élite du gouvernement. La formation des meilleurs agents, les futurs hommes et femmes qu'on voit sur les vidéos de Naïm.
L'expression du châtain change du tout au tout. Il n'avait pas compris.
- Tu... marmonne-t-il, mais je lève la main pour l'empêcher de parler.

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Solivagant
AksiSolivagant [n] : qui erre seul, aventurier solitaire. «- De quoi as-tu peur ? Je me pince les lèvres. De quoi ai-je peur ? Mes menottes glissent le long de mes poignets, et je me retourne pour lui faire face. Ses yeux noisette étudient mon visage a...