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Je suis tout aussi tendue qu'Owen, mais quelque chose me dit que ce n'est pas pour la même raison. Jamais, au grand jamais, CIRILLO ne me laissera filer et retourner au contact de Naïm. Il ne reproduira pas cette erreur et je crains les moyens qu'il mettra en place pour ce faire. La voiture n'a pas encore été prise d'assaut, mais je sais que ce n'est qu'une question de temps. Owen étant au volant, je suis la seule à pouvoir repousser quelconque attaque, et je n'ai que deux pistolets sur moi.

- Explique-toi, lâche soudainement Owen, comme s'il n'y tenait plus.

- Qu'est-ce que tu n'as pas encore deviné ? je réponds évasivement en regardant activement dans le rétroviseur.

- Je n'ai rien deviné du tout, Lou, s'agace-t-il, je ne comprends rien !

Je grimace en lui jetant un coup d'œil, et c'est le moment que choisit une balle pour venir exploser notre vitre arrière. Je me baisse par réflexe, et Owen appuie brutalement sur l'accélérateur en esquivant la voiture de devant. Je jette un coup d'œil derrière nous. Ça y est. Ils nous ont rattrapés. Quatre voitures des Enfants nous talonnent. Owen s'engage sur l'autoroute en profitant de la barrière toujours levée du conducteur de devant, et une pluie de balles s'abat sur notre voiture.

- Tu vas nous tuer si tu continues à être aussi lent ! m'indigné-je en me ratatinant du mieux que je peux.

Cependant, le trafic rend la chose difficile, et sa grimace me le fait bien comprendre. Je jure en détachant ma ceinture, attrape l'un de mes pistolets, retire la sécurité, et ouvre ma fenêtre. Je pourrais tirer à l'aveuglette, mais je n'ai pas assez de minutions pour me le permettre. Alors qu'une autre pluie de balles fait zigzaguer Owen, je prends une profonde inspiration. Il me reste un pari à faire.

Je sors mon buste par la fenêtre, de manière à me retrouver assise en équilibre précaire sur la portière, et Owen mugit :

- Qu'est-ce que tu fous ?

Je ne prends pas la peine de lui répondre, et me positionne de manière à avoir un visuel dégagé sur la voiture de derrière. Les balles continuent de pleuvoir sur l'arrière de la voiture. Très bien. CIRILLO me veut vivante. Je me concentre, vise, mais alors que je tire ma première balle, Owen double brutalement un camion et je manque d'être éjectée du véhicule. Je marmonne une insulte dans ma barbe en enroulant mon pied dans la ceinture du mieux que je peux, et me repositionne. Ma deuxième balle ne rate pas sa cible. Nous allons tellement vite que lorsque le pneu de la voiture des Enfants se crève, le conducteur en perd le contrôle et donne un coup de volant sur sa droite. Les trois autres esquivent de justesse alors qu'il se fait percuter par le camion que nous venons de doubler à pleine vitesse. Je grimace malgré moi, mais me remets bien vite les idées en place.

Eux n'auront pas de pitié.

Alors, je répète mon opération une seconde fois. Le conducteur évite ma première balle et une rafale frappe notre véhicule au point qu'un bruit étrange me fasse grimacer. Je tire une seconde fois, et cette voiture subit le même sort que la précédente. Owen change de nouveau de voix si brutalement que je suis projetée vers l'extérieur, et c'est ma cheville maladroitement enroulée dans la ceinture qui m'empêche de faire un vol plané sur l'autoroute. Essoufflée, le cœur battant la chamade, je me repositionne sur mon siège, prends une grande inspiration en fermant les yeux, et déclare :

- Il ne reste qu'une voiture. Continue d'accélérer.

Owen acquiesce, et je me contorsionne pour passer à l'arrière. Une balle me frôle la tête alors que le châtain se voit obligé de rentrer la sienne dans ses épaules afin d'éviter d'être touché de manière létale. Si les Enfants doivent me garder en vie, alors j'ai peut-être une idée. Je ne l'ai que vaguement remarqué, mais il me semble que deux pics ressortent de l'arrière de la voiture, de chaque côté. J'ignore quelle est leur utilité, mais je crois pouvoir leur en trouver une.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant