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Owen soupire en se redressant, irrité.

- Bon, qu'est-ce qu'il t'arrive ? tu es encore plus déconcentrée que d'habitude.

Je fais un effort pour rester neutre. Je meurs d'envie de lui demander pourquoi il ne m'a rien dit. Pourquoi a-t-il gardé le silence, pourquoi a-t-il agi comme s'il n'était au courant de rien.

- Ça fait longtemps que je ne suis pas sortie, je réponds simplement, les yeux rivés sur un point imaginaire derrière lui.

Il m'étudie un instant du regard, et alors que je m'attends à ce qu'il reprenne sans rien dire, il lâche :

- Prends-moi pour un con. Remets-toi en place. Si tu es déconcentrée par un arbre, on n'est pas au bout.

- Au bout de quoi ? grincé-je en me remettant en position malgré tout.

- De ta formation.

Je lève les yeux au ciel de dédain. J'ignore ce qu'il entend par là, mais s'il pense que je ferai quoi que ce soit dans le sens de Naïm... 

Les cinq autres se battent par groupes, supervisés par Amal. Mon regard s'attarde sur Emy', qui évite gracieusement un coup de Tom'. Elle progresse beaucoup plus rapidement lorsqu'elle a un objectif en tête, de ce que je peux voir.

Je suis si surprise lorsqu'Owen attrape mon poignet de ses doigts gelés pour me forcer à lui faire face que je n'ai pas le temps de réagir. Je me crispe entièrement. Il est trop près. A chaque inspiration que je prends, ma poitrine effleure son torse, et j'ai un mouvement de recul. Il m'en empêche en me serrant d'autant plus fort, et intime :

- Dis-moi ce qui ne va pas.

Ses yeux noisette sont fermement ancrés dans les miens. Mon souffle accélère légèrement le rythme, et je ne peux m'empêcher de murmurer :

- Pourquoi est-ce que tu ne m'as rien dit ?

L'incompréhension traverse son visage, et il fronce les sourcils en desserrant légèrement sa prise.

- Dit quoi ?

Je baisse les yeux, et secoue négativement la tête en reculant d'un pas.

- Non, rien. Reprenons. Je me concentre.

Je retire mon poignet de sa main d'un coup sec et m'apprête à me repositionner, mais il m'en empêche en se positionnant devant moi.

- Tu ne peux pas me dire ça et faire comme si de rien n'était, grince-t-il.

- Je viens de le faire, contré-je en croisant mes bras sur ma poitrine.

- Qu'est-ce que j'aurais dû te dire ? demande-t-il, plus fermement cette fois, et je sens qu'il s'agace.

Alors, je frappe ma cuisse autrefois blessée, et ancre mes yeux dans les siens.

- A propos de ça.

Son expression change du tout au tout. Il écarquille les yeux, et recule d'un pas, comme si je l'avais frappé. Visiblement, il ne s'attendait pas à cette remarque et n'avait pas imaginé me répondre. Alors, je hoche la tête, plus pour moi-même que pour lui.

- Reprenons.

Je me replace, et, complètement sonné, il me laisse faire. J'ignore si je veux qu'il s'explique, auquel cas je risque de m'emporter, ou si je ne veux pas en savoir plus, mais garder cette irritation constante. Je recommence l'exercice, et il secoue négativement la tête, sourcils froncés.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant