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Les mâchoires contractées, j'observe les autres se mettre en place un par un, autour de moi.

- Donne-leur une arme et demande-leur de m'achever, pendant que tu y es, grincé-je en foudroyant Amal du regard.

- Mettez-vous en position, m'ignore-t-il.

Je croise mes bras sur ma poitrine, et mon regard rencontre celui de Tom'. Il est tendu. Ses yeux semblent s'excuser pour lui, mais je secoue négativement la tête. Il détourne les yeux, et je sens qu'il est sur le point d'envoyer le premier coup, quand John' recule d'un pas.

- Je ne ferai pas ça, déclare-t-il en posant ses yeux verts sur Amal.

Owen laisse échapper un soupir exagéré, montrant son irritation. Ky' se redresse en secouant négativement la tête.

- Votre but est de nous diviser pour mieux nous contrôler ? c'est ça, que vous appelez recadrement ?

Je retiens un sourire. Nous diviser ? Nous sommes déjà divisés. Que pense-t-il ? qu'après s'être rendus sans même me concerter, je me considère comme membre de leur « groupe » ? Emy' laisse ses bras retomber sur son corps, et comme si elle faisait écho à mes pensées, elle lâche :

- Nous en avons suffisamment fait comme ça.

Justin, visiblement peu désireux de se mesurer à moi, acquiesce vivement. Tom' prend une profonde inspiration, mais hoche la tête à son tour et laisse ses mains retomber sur ses cuisses. Je me tourne vers Amal, le regard froid. Exaspéré, il lève les yeux au ciel, et soupire :

- C'est bon, j'en ai vu assez. Vos profils ont été dressés. Vous pouvez y aller. Nous nous retrouverons demain.

Sur ce, il rappelle nos gardes, et quelques minutes plus tard, alors que le mien me traîne vers la sortie, l'homme aux yeux gris attrape mon poignet. Je me tourne dans sa direction, sourcils haussés et il me lance :

- Je sais que tu es leur cheffe, mais ne te crois pas intouchable, j'y arriverai.

J'esquisse un sourire.

- Je t'attends au tournant, Amal.

***

- Lou, content de te revoir parmi nous. Comment s'est passée votre évaluation ?

- Bien, je souffle en me laissant tomber sur la chaise devant moi.

Le chef aux yeux vairons esquisse un sourire.

- C'est drôle, Amal m'a dit plutôt le contraire.

Je hausse les épaules.

- Chacun son point de vue.

Naïm rit légèrement. Il semble de bonne humeur. En réalité, tout le réfectoire est plongé dans une sorte de bien-être assez surprenant. A quelques tables de nous, des enfants se balancent leur nourriture en riant bruyamment, sous l'œil légèrement mal à l'aise de leur parents, assis derrière eux. Tous les âges sont confondus. Enfin, presque. Je n'ai pas vu de vieillard. Mais vaquent ici de tous petits enfants tout comme des personnes de la cinquantaine. Cela m'étonne même que Naïm ait réussi à avoir le soutien de tant de monde. Il doit être vraiment convainquant. Peut-être tous ont-ils subi des entraînements similaires à celui que nous avons fait ce matin.

- Pourquoi ne nous avez-vous pas fait passer un interrogatoire ? j'interroge alors brusquement.

Le chef aux yeux vairons arque l'un de ses sourcils blonds. Puis, il me sourit :

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant