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PDV Justin :

Je m'appelle Justin. 

Cette information ne leur fait ni chaud ni froid. Mon regard croise les yeux bleus de la fille aux cheveux noirs. Le garçon à côté d'elle retire sa capuche, et opine. Celui qui m'a posé la question hausse les épaules avant de retirer sa capuche à son tour. Si le précédent était brun, lui est châtain, comme moi. Je devine d'ailleurs à ses cheveux peut-être un peu longs qu'ils doivent vivre ici depuis un bon moment.

En dehors de la fille aux cheveux noirs, aucun d'entre eux n'a retiré son foulard. Et la deuxième fille, elle, n'a rien retiré du tout. Elle semble ailleurs, jetant des coups d'œil réguliers derrière elle. Sa vision me donne des frissons dans le dos. Elle a débarqué de nulle part, et fiché une balle dans la tête de l'homme qui m'a massacré dans le plus grand des calmes. Elle, et un autre garçon, que je n'ai pas pu apercevoir depuis que j'ai ouvert l'œil. 

Lorsqu'elle s'avance vers celui qui semble être le chef pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, je peux identifier ce qu'elle regardait. Un homme est ligoté à un arbre, la tête penchée en avant, comme s'il dormait.

Ou comme s'il était mort. Je frissonne.

Le chef hoche la tête et se tourne vers moi alors qu'elle se dirige vers l'homme qui dort.

- Donne-moi ton sac.

Un vent de panique s'empare de moi, et j'ai envie de lui dire non. Seulement, j'en suis incapable, et le brun me maintient immobile pendant que la fille aux cheveux noirs retire mon sac de mon dos. Elle fouille à l'intérieur, avant de froncer les sourcils et relever la tête vers le chef. Puis, elle sort ce pourquoi j'avais plus qu'envie de leur dire non.

Je me crispe, le chef s'avance. Il saisit mon arme, et la fait tourner entre ses doigts, avant de déclarer :

- Je ne connais pas cette arme.

Je parviens à lancer :

- C'est moi que l'ai fabriquée.

- Pas récemment, constate-t-il en l'observant sous toutes les coutures. 

Je me contente de hocher la tête. Alors, sans regarder en arrière, il lance mon arme à l'autre bout de la clairière, droit vers la fille à capuche, qui s'approche de l'homme. J'écarquille les yeux. Il va l'assommer. 

Alors que je m'attends au choc, crispé, elle lève brusquement la main au dernier moment, et réceptionne l'arme comme si elle était de face. Sans que je ne le veuille, ma mâchoire se décroche. Comment a-t-elle fait ça ?

La fille l'étudie un instant, la faisant tourner entre ses doigts, avant de la jeter sur une petite pile d'armes que je n'avais pas remarquée auparavant, et annonce :

- Arme de défense manuelle, du basique. Quand on s'y connaît un minimum, ça n'est pas très compliqué à faire. Mais celle-là a été fabriquée avec des matériaux très spéciaux. Et difficiles à trouver.

Elle marque un arrêt.

- Même en société.

Je reste crispé. Elle a dit tout ça, sans se retourner. Elle sort un couteau de sa poche, et libère l'homme qui dort, qui s'effondre sur le sol. La fille aux cheveux noirs, qui s'était approchée d'elle, se saisit des cordes, et avant que j'ai le temps de comprendre quelque chose, je me retrouve ligoté à la place de l'homme.

Ils me fouillent, mais je n'ai rien sur moi. Rien en dehors d'un canif, qu'ils m'ont supprimé.

Peu de temps plus tard, les deux autres garçons rentrent à la clairière. Ils retirent tous deux leurs capuche, et je peux les étudier. Le premier, celui qui a tué l'un des hommes, est un blond aux yeux verts, le deuxième un cliché sur pieds, bruns aux yeux sombres, « ténébreux », comme certains disent.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant