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Allongée sur mon lit, j'observe le plafond, immobile. Naïm ne nous dit rien mais nous nous renseignons par le biais d'Ejlan, et d'après le jeune homme, les Enfants ont totalement disparu de tout radar depuis la dernière attaque.

Livio m'a reconnue. Les chances pour qu'il vende la mèche sont énormes. A vrai dire, mon seul espoir repose sur son égo. Peut-être n'osera il pas dire qu'il s'est confronté à moi par honte d'avouer une défaite. C'est très peu probable. Et connaissant les Enfants, il suffit qu'ils sachent que je me mêle aux combats pour n'avoir qu'une idée en tête, en déclencher un pour me débusquer.

La dernière fois, ils n'ont pas déployé l'artillerie. Ils sont meilleurs viseurs que les hommes de Naïm. Que se passerait-il s'ils décidaient de sortir les armes pour me trouver à tout prix ?

Ce serait un massacre.

Nathanaël, assis au bout de mon lit, relève la tête de son téléphone et déclare :

- Owen nous réclame.

Je hausse les sourcils.

- Encore ?

Le bras d'Amal a fait une infection, et nous avons par conséquent eu un jour de repos. Nous sommes donc déjà passés voir Owen ce matin.

- Oui. Il dit qu'il a besoin de nous.

Je soupire.

- Allons-y, alors.

Mon cousin se relève, me tend une main, que j'attrape, et me redresse. Mon bras à moi va beaucoup mieux. Il me fait encore souffrir et je ne peux toujours pas me battre avec, mais je sens une nette amélioration.

Nous descendons rapidement jusqu'à l'infirmerie qui a pris Owen en charge, et nous n'avons même plus besoin de nous présenter à l'infirmier de garde qu'il se décale pour nous laisser entrer.

Amal avait déjà insisté de nombreuses fois sur la patience très peu présente d'Owen, mais j'ignorais que c'était à ce point. Ces derniers jours, le manque d'activité lui est monté à la tête. Seul et sans occupation, je ne sais pas ce à quoi il pense mais il fait régulièrement des semblants de crises de panique, que les infirmiers ont bien du mal à gérer. Plusieurs fois, ils ont fini par nous appeler, à court d'idées pour l'apaiser.

Mais ce soir, lorsque nous arrivons dans l'infirmerie, Owen n'est pas en crise de panique. Il est crispé sur son lit, et foudroie du regard l'infirmière qui se tient devant lui.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Interroge Nathanaël en s'avançant.

L'infirmière se tourne vers lui.

- Nous devons vérifier s'il est capable de se lever sans trop de douleur, mais il refuse quelconque aide et veut essayer seul. C'est encore trop dangereux.

- Avec ou sans vous, je serai debout, siffle Owen, visiblement sur les nerfs.

Je soupire, la contourne pour venir me planter devant le châtain, redressé en position assise. Là, je lui tends ma main.

- Et si c'est moi qui t'aide ?

Ma question semble le bloquer puisqu'il ne répond pas, se contentant de fixer aléatoirement ma main, puis moi. Finalement, il jauge l'infirmière d'un regard presque hautain et attrape ma main. Lentement, il se met debout, et je vois à la légère grimace qu'il fait que se lever lui demande un effort. Son ventre lui fait donc encore mal.

Légèrement inquiet, Nathanaël s'avance d'un pas, mais Owen lui intime de rester à sa place d'un mouvement de la main. Grimaçant, il risque un pas en avant. Je lâche sa main, et aussitôt, ses bras viennent s'accrocher à ma taille. Je maintiens mes mains juste sous ses bras, sans pour autant le toucher, et il jette un coup d'œil à ses pieds, les yeux légèrement écarquillés, comme s'il avait manqué de s'écrouler. Ce qui est fortement possible.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant