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Un craquement me fait ouvrir les yeux. Je suis d'abord décontenancée par le fouillis de branches face à moi, avant de me souvenir de ma mésaventure d'hier. Je baisse les yeux, mais les écarquille aussitôt en me redressant brusquement.

Quatre hommes passent juste en dessous de moi. Je me fige en les observant se déplacer, mitraillette à la main, tentant de faire le moins de bruit possible. Ils tracent leur route, et j'attends une dizaine de minutes avant de me risquer à descendre, arc et flèche à la main.

Ils m'ont dépassée. Ce qui signifie que je vais devoir les suivre si je veux continuer à longer la rivière.

Afin d'éviter de les croiser, je m'enfonce plus loin dans les bois, m'éloignant par la même occasion de la rivière, et me mets à trottiner. Je cours, prenant garde à ne pas m'écarter trop de la rivière, et ce, presque toute la matinée. Je ne m'arrête que lorsqu'une douleur sourde dans mon mollet m'informe qu'il faut que j'arrête de forcer.

Je m'apprête à m'arrêter pour chasser, quand un juron attire mon attention. Tendue, je m'approche de l'origine de l'insulte, et là, derrière un buisson, je reconnais le garçon de la rivière, en train de s'agacer après un tas de brindilles.

Nathanaël, si ma mémoire est bonne.

Il soupire et se laisse tomber sur le sol, les membres étendus.

- Je n'y arriverai jamais, se lamente-t-il. Comment ce putain d'intrus a-t-il fait pour faire un feu ?

Je me cache entre les branches en posant la main sur mon arc, dans mon dos. Nathanaël saisit deux pierres et se met à les cogner frénétiquement l'une contre l'autre. Malgré moi, je laisse échapper un sourire moqueur. S'il a pour but d'allumer un feu, il s'y prend effectivement très, très mal.

Il s'assoit en tailleurs, désespéré.

- Bordel, mais qu'est-ce que je suis con...

Visiblement, il semble apprécier jurer à tout va. Mal à l'aise dans les buissons, je décide de grimper à un arbre afin de pouvoir l'observer plus facilement. J'y parviens sans trop de bruit, et m'installe sur une branche.

Il est désormais allongé sur le sol, les yeux mi-clos.

Je l'observe jusqu'à ce que mon ventre gargouille. Je retiens à mon tour en juron en écarquillant les yeux, et vérifie qu'il ne m'a pas entendue, ce qui n'est pas le cas. Alors, je descends discrètement de mon arbre, et pars à la chasse.

Mon regard se pose sur un oiseau grassouillet, et je grimace à l'idée de devoir le tuer, et faire tout ce qui s'ensuit. Mais je n'ai pas mangé depuis trop longtemps, cela pourrait devenir dangereux.

Je tends ma corde, ma flèche part avec un sifflement. L'oiseau tente de s'envoler, mais il est trop tard ; ma flèche lui transperce l'abdomen et il tombe de son arbre, mort. Je me hâte d'aller le chercher, retire la flèche de son corps avec une grimace de dégoût, et le prends par le bout de l'aile.

Je fronce le nez à l'idée de faire ce que faisait Kyle avant que je ne les quitte, c'est-à-dire le vider. Depuis que je suis partie, je me suis contentée de poisson, ou de baies quand j'en trouvais, mais là, je ne peux pas me risquer à la rivière, trop près de là où patrouillent les hommes armés.

Je soupire avant de déplumer le volatile, puis je sors mon couteau de ma poche, et lui ouvre le ventre. J'ai assez observé Kyle pour savoir ce qu'il y a à enlever. L'ordre, en revanche...

Ma besogne terminée, mon appétit est parti, mais il faut que je mange. Et hors de question que je mange cette chose crue. Alors, je fais un feu de camp, si petit qu'il en est ridicule, mais au moins, la fumée ne s'échappe pas d'entre les arbres. Je plonge le cadavre – ou du moins, ce qu'il en reste – à l'intérieur, et attends.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant