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Je passe une main dans mes cheveux en prenant une profonde inspiration. J'ignore totalement quelles sont les intentions de Naïm, mais je ne compte pas rester ici suffisamment longtemps pour le découvrir. Le dîner s'est terminé il y a déjà plusieurs heures, et dans le couloir de ma cellule règne désormais un silence de pierre.

Je me lève péniblement, et sors mon couteau de ma chaussure. Je m'avance vers la porte, et l'étudie attentivement. Je n'ai pas la moindre idée de comment l'ouvrir. Mais ce n'est pas ma priorité. Ma priorité, c'est de me défaire de mes menottes, qui m'entravent toujours les poignets. Je regarde autour de moi. Au fond de la pièce, il y a une petite grille d'aération, pas assez grande pour que je puisse m'y faufiler, et pourtant, je m'avance jusqu'à elle, et, tenant mon couteau à deux mains, je la dévisse du mieux que je peux.

Lorsque la grille tombe, je la ramasse, la coince entre mes deux pieds, bloque mon couteau dans les trous, et commence à scier la chaîne de mes menottes. Je m'acharne de la sorte si longtemps et si fort que lorsque la chaîne se brise enfin, j'ai chaud, et je suis essoufflée. Mes poignets me brûlent, mais qu'importe. Désormais libre de mes mouvements, je décoince mon couteau, et retourne inspecter la porte. Elle est entièrement électronique, et s'ouvre à l'aide d'un code.

Peut-être que... je plante brutalement mon couteau dans la porte, et suis surprise qu'il y rentre du premier coup. Alors, je me remets au travail, et découpe un petit carré dans cette dernière, au niveau de ce qui devrait être le loquet pour la déverrouiller. J'arrache le morceau de ferraille, et inspecte l'intérieur. Bien. Je n'ai qu'à trouver comment cela fonctionne.

Tenant mon couteau à la manière d'un tournevis, j'enfonce ma main dans le trou que j'ai découpé, et commence à bidouiller un peu tout, forçant plus lorsque quelque chose semble bouger, sans résultat. Je souffle de frustration, et colle mon œil dans l'espoir d'y voir mieux. Le mécanisme n'a pas l'air trop compliqué.

- Normalement, il suffit de...

J'enfonce mon couteau une nouvelle fois, et cette fois, après quelques minutes, un déclic me fait sursauter, et je bondis en arrière. Les yeux écarquillés, j'observe la porte s'ouvrir sur le couloir désert. Ahurie, je reste hébétée quelques instants, avant de reprendre mes esprits. Je range mon couteau dans ma chaussure une nouvelle fois, et me risque à sortir ma tête de ma cellule pour regarder à droit, et à gauche. Personne. Tout est désert. Alors, je sors tout entière.

Satisfaite, je rabats ma capuche sur ma tête, fourre mes mains dans mes poches, et avance vers la gauche, rasant les murs. A un carrefour, je m'arrête, et hésite. Je n'ai strictement aucune idée d'où peut bien se situer la sortie, et je me trouve juste en-dessous d'une caméra de surveillance.

Finalement, je me décide à tourner à droite, et après avoir fait un doigts d'honneur à la caméra, je m'engage dans le couloir, sur mes gardes, prête à arracher mon poignard de ma chaussure si besoin. Il y a des portes partout. Aucune ne semble mener dehors. Je marche ainsi, tournant tantôt à gauche, tantôt à droite, quand des sons me parviennent aux oreilles, et je me plaque contre le mur. Je m'en approche, le cœur battant, les mains moites, et jette un coup d'œil dans un tournant.

Un immense hall me fait face. Et à ma grande surprise, malgré le fait qu'il doit être minuit, le hall est plein à craquer. Des gens discutent et se promènent allègrement. Par réflexe, je m'accroupis, et enroule mes doigts autour de mon poignard. Des gardes se trouvent là, et patrouillent, droits comme des piquets.

J'attends patiemment que l'un d'entre arrive jusqu'à moi. Là, j'attrape son poignet, et le tire en arrière, à l'abris des regards. Il n'a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive qu'il se retrouve plaqué contre le mur, mon couteau sur la gorge. Ses yeux deviennent ronds comme des soucoupes alors qu'il hoquète.

- Chut, murmuré-je en appuyant un peu plus fort avec mon couteau sur sa gorge. Si tu cries, tu es mort, d'accord ? Si tu donnes l'alarme, tu es mort.

Discrètement, je retire son pistolet de sa ceinture, avant de reculer d'un pas, relâchant la pression, et il tousse fortement. Je braque son arme sur lui et retire la sécurité. Il se fige.

- Très bien. A présent, allez voir par là-bas si j'y suis. Allez, dépêchez-vous.

La tête rentrée dans les épaules, les mains en l'air, l'homme se hâte dans le couloir, se dirigeant vers l'opposé du hall, et je n'abaisse le pistolet que lorsqu'il est hors de vue. Là, je prends une profonde inspiration. Je n'ai que très peu de temps avant qu'il ne donne l'alarme. Si ce n'est pas déjà fait.

Alors, sans plus réfléchir, je m'enfonce dans la masse de personnes. Je traverse en bousculant à coups d'épaules, quand une alarme retentit dans le bâtiment. Une vague de panique traverse les gens, et je commence à courir.

- Baissez-vous ! hurle soudainement quelqu'un.

Je le maudis en m'apercevant que son ordre est immédiatement exécuté. Tous s'allongent à plat ventre sur le sol, et je n'ai pas le temps de penser à une alternative qu'un coup de feu perce le brouhaha ambiant, et une douleur aigüe me traverse la cuisse, me faisant basculer en avant dans un cri. Je jure en serrant les dents.

La douleur me transperce la jambe, me fait tourner la tête. Il faut que je sorte.

Un violent vertige me secoue le crâne alors que je tente de me relever, et une main se pose sur mon épaule, me faisant tomber au sol de nouveau avec une grimace. Des étoiles commencent à danser devant mes yeux, et la dernière chose que j'entends, c'est :

- Tu comptais aller loin, comme ça ?

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant