J'étouffe un grognement en ouvrant un œil. J'ai affreusement mal au ventre...
Je retiens un cri en comprenant le pourquoi du comment, les yeux écarquillés. J'ai trop bougé cette nuit, me voilà pendue à l'envers de ma branche, toujours retenue par la corde. Je tente de me décrocher, sans succès. Je jure en silence, avant de me mettre à gigoter comme un asticot, sans résultat.
Je ferme les yeux, prends une grande inspiration, et agrippe du mieux que je peux la branche de laquelle je suis tombée, et à laquelle je suis accrochée. Il ne manquerait plus que j'ai à appeler Nathanaël pour qu'il me sorte de là.
Après multiples essais et un ongle cassé jusqu'au sang, je parviens à me hisser de nouveau sur ma branche et me décrocher. Avec une grimace, je soulève mon t-shirt et observe mon ventre, barré d'une grosse trace rouge. Bien joué, Lou'...
Je mets mon doigt ensanglanté dans ma bouche, mais grimace aussitôt et saute de mon arbre. La rivière sera plus efficace.
Je vais plonger ma main dans l'eau, et une fois soulagée, je retourne auprès de Nathanaël, qui se réveille. Je sors mes lentilles de ma poche, les enfile rapidement alors qu'il reprend déjà la route en trottinant. Je lui emboîte le pas.
Le vent froid me fouette le visage et les ronces agrippent mes vêtements, mais je n'y prête pas attention, perdue dans mes pensées. Nous courons une bonne partie de la matinée, quand Nathanaël s'arrête brusquement. Curieuse, je m'avance, et reste bouche bée devant le spectacle qui s'offre à nous.
La source.
Une petite cascade remplit un bassin d'eau presque transparente, qui se transforme petit à petit en la rivière que je remonte depuis des jours, des semaines. Elle est encadrée d'un petit espace de verdure, puis par les bois.
Je reste immobile, captivée par la beauté de l'endroit. C'est comme un paradis oublié.
Le sourire jusqu'aux oreilles, Nathanaël lève les bras en l'air, signe de victoire.
- J'ai réussi ! s'exclame-t-il.
Il se retourne vers la forêt, avant de crier :
- Tu as vu ça, l'Intrus ? J'ai réussi ! J'y suis ! J'ai survécu !
Souriante, je grimpe dans un arbre qui borde la petite clairière. Voilà presque une semaine qu'il voyage en parlant tout seul.
- Je suis sûr que tu ne le pensais pas ! continue-t-il, presque fou de joie. Tu pensais que j'allais abandonner, que j'allais retourner avec mon oncle ! Mais j'ai réussi ! Je suis sûr que même toi, tu en as bavé !
Je ris, avant de lancer, du haut de mon arbre :
- N'exagérons rien. Mais il est vrai que j'ai douté de toi un bon moment.
Je jeune brun sursaute et se retourne brusquement vers l'arbre sur lequel je suis assise. Les yeux ronds comme des soucoupes, il s'approche lentement de moi.
- Tu es... une fille ?
J'incline légèrement la tête.
- Et donc ? tu es sexiste ?
- Non ! se rattrape-t-il aussitôt. Je... c'est juste que... Enfin... on dit l'Intrus, et je pensais que l'Intrus serait un homme...
Je me laisse tomber de ma branche, et Nathanaël a un mouvement de recul. Je m'adosse contre l'arbre, et balaie ses propos d'un revers de main.
- Tu es venu jusqu'ici pour avoir des réponses, n'est-ce pas ?
Son air hébété disparaît pour laisser place à un air sérieux.

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Solivagant
AcciónSolivagant [n] : qui erre seul, aventurier solitaire. «- De quoi as-tu peur ? Je me pince les lèvres. De quoi ai-je peur ? Mes menottes glissent le long de mes poignets, et je me retourne pour lui faire face. Ses yeux noisette étudient mon visage a...