Je suis faible.
Je me suis endormie après avoir tourné et retourné cette phrase dans ma tête. A ma grande surprise, l'amont d'émotions fortes de la journée m'a complètement épuisée, et je n'ai jamais aussi bien dormi depuis que je suis arrivée ici. De fait, ce matin, je suis en bien meilleure forme, et mes pensées sont plus claires. Owen, en revanche, ne semble pas avoir digéré les évènements d'hier. Depuis le début de l'entraînement, il est complètement muet, comme ailleurs. Je n'ai reçu aucune remarque, il ne m'a en fait pas adressé la parole, seulement pour m'expliquer distraitement l'exercice que j'ai à faire.
Justin est consigné à l'infirmerie pour plusieurs jours. Je n'ai pas éprouvé de remords à l'annonce de cette nouvelle. Comme lors de la fois précédente, son absence s'est faite ressentir chez les quatre autres, qui sont bien plus joviaux qu'à l'ordinaire. Je crois qu'ils ont également été soulagés par le fait que j'ai l'air d'aller bien mieux que la veille.
Seulement, le comportement d'Owen m'irrite de plus en plus. Moi qui pensais qu'il était plus désagréable quand il ouvre la bouche, je vais finir par croire que c'est le contraire. Je me décide à réagir lorsque, visiblement perdu trop loin dans ses pensées, il rate sa démonstration. Mon poing percute sa mâchoire, pas très fort, mais assez pour le réveiller, et il recule d'un pas, les yeux écarquillés. Cela semble cependant le ramener à lui puisqu'il hausse les sourcils, surprit. Je pose mes mains sur mes hanches.
- Normalement, c'est moi qui suis nulle, pas l'inverse, commenté-je d'une voix qui laisse transparaitre mon agacement.
Je m'attends à une réponse cinglante, cependant, mais en voyant le regard complètement désorienté qu'il pose sur moi, je soupire.
- Si tu n'es pas capable d'assurer l'entraînement Owen, ne viens pas.
Cette phrase semble enfin le ramener à lui puisqu'il secoue négativement la tête.
- C'est bon, désolé.
- Si j'étais devenue aussi médiocre que toi à chaque fois que j'étais en état de choc, je serais morte il y a longtemps.
Owen, visiblement aussitôt irrité par ma remarque, ancre ses yeux noisette dans les miens.
- Tu es toujours médiocre. Et puis, je ne suis pas en état de choc.
- Toujours médiocre, mais j'étais toujours armée, contré-je, ignorant royalement la deuxième partie de sa phrase.
- Ça va, on reprend, soupire-t-il alors, abandonnant l'idée de me tenir tête.
Je secoue négativement la tête, d'avis différent.
- C'est déjà assez chiant quand tu es enthousiaste, je préfère autant aller m'entraîner avec Amal, si tu n'es même pas capable de réussir tes démonstrations.
Pour toute réponse, il se mord la lèvre, et je hausse les sourcils. Que lui arrive-t-il ? j'ai l'impression qu'en vingt-quatre heures, toute son assurance et son arrogance se sont envolées. Comme il ne réagit pas plus, je lui tourne le dos pour me diriger vers l'entraîneur aux yeux gris. Je ne suis pas surprise lorsqu'il attrape mon bras de ses doigts congelés, et me tire pour que je lui fasse face. Mon épaule butte contre son torse, et je me pince les lèvres en levant légèrement la tête pour le regarder dans les yeux.
- J'ai dit, on reprend, grince-t-il d'une voix grave, le regard noir.
Je soutiens un instant son regard, provocatrice, avant d'acquiescer sèchement et de reculer d'un pas. Il lâche mon bras, et je me remets en place. Il recule à son tour, et recommence sa démonstration, plus concentré cette fois. Histoire de voir s'il est bien réveillé, je rate volontairement l'enchaînement, et il fait une grimace.
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Solivagant
AcciónSolivagant [n] : qui erre seul, aventurier solitaire. «- De quoi as-tu peur ? Je me pince les lèvres. De quoi ai-je peur ? Mes menottes glissent le long de mes poignets, et je me retourne pour lui faire face. Ses yeux noisette étudient mon visage a...