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PDV omniscient.

Hésitant, un homme robuste prend une inspiration et frappe trois fois à la porte de son chef. Aussitôt, elles s'ouvrent devant son nez, et il s'avance à l'intérieur. Son chef, bien moins imposant que lui, le fixe de ses yeux vairons.

- Qu'est-ce qui t'amène ? Interroge-t-il d'une voix calme.

Reprenant son courage, l'homme se redresse.

- Nous avons des problèmes avec les forces de l'ordre.

Aussitôt, le chef aux yeux vairons fronce les sourcils. Il souffle sur l'une de ses mèches blondes.

- Quel genre de problème ?

- Certains d'entre eux tentent de pénétrer nos terres au niveau de la rivière. Nous ne savons pas si nous devons les neutraliser au risque de nous révéler ou les laisser faire au risque qu'ils nous trouvent.

Le chef se lève brusquement.

- Nous n'avons pas le choix. Je sais ce qu'ils cherchent et ils ne s'arrêteront pas avant d'avoir trouvé. Respectez les règles. Abattez quiconque pose le pied sur notre territoire. Si vos dires sont vrais, alors préparez le plus d'hommes possible. Nous risquons d'avoir affaire aux plus coriaces d'entre eux.

L'homme imposant hoche la tête d'un mouvement bref et quitte aussitôt la pièce, prévenant déjà les équipes à l'aide de sa radio. Le chef, lui, est resté debout, mains sur son bureau, crispé. Il fixe la porte ouverte, perdu dans ses pensées. Les forces de l'ordre ne s'étaient jamais mêlées à son territoire. La coïncidence était trop grande pour que s'en soit une.

Et il savait que si les Enfants parvenaient à leur but, alors c'était la fin.

***

Retour au PDV de Louise :

Deux nouvelles semaines se sont écoulées depuis ma discussion avec Owen. Il m'a pardonné, j'ai prévenu Naïm que le châtain savait désormais tout et le chef a tenu qu'alors Nathanaël en soit informé également. Il n'en revenait pas. Alors j'ai retiré mes lentilles comme avec Owen, et il a été forcé de constater ma ressemblance flagrante avec le chef.

Depuis, Naïm a d'ailleurs tenu à ce que je ne remette pas ces lentilles. Il dit qu'il n'est pas comme les Enfants, et qu'il ne m'empêchera d'être moi-même sous aucun prétexte, même si cela me différencie des autres. Au départ, cette décision m'a plus perturbée que mes deux camarades. Habituée à me voir avec les yeux noisette, ce contraste de couleur que je ne voyais que le soir et le matin m'arrête à chaque fois que je passe devant un miroir.

Mais ces derniers jours, alors que pour moi tout va pour le mieux, Naïm semble de plus en plus tourmenté. Il n'a rien voulu nous dire. Nathanaël a pourtant beaucoup insisté.

Mais ce soir, alors que nous sommes tous les trois en route pour ma chambre-cellule, Nathanaël interpelle un jeune garçon, que je me souviens avoir déjà identifié comme étant un certain Ejlan.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ? Demande-t-il à l'adresse de son ancien camarade de classe.

Surprit, ce dernier hausse les épaules.

- J'ai dit que mon père passait ses journées en patrouille, maintenant qu'il y a toutes ces tentatives d'intrusion...

Je fronce les sourcils et mon cousin émet ma pensée à voix haute :

- Quelles tentatives d'intrusion ?

Ejlan arque un sourcil.

- Quoi, vous n'êtes pas au courant ? Depuis quelques jours les forces de l'ordre tentent de pénétrer dans le territoire sans raison apparente. On a de plus en plus de mal à les repousser, ils sont forts, d'après mon père.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant