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- Ça vous dérangerait de ralentir ? Râle Owen en trébuchant sur sa béquille.

Je me tourne vers lui. Il est sorti de l'infirmerie il y a deux jours, à condition qu'il porte des béquilles, afin d'éviter de rouvrir son ventre. Mais très peu, si ce n'est pas du tout, habitué à porter des béquilles, le châtain a beaucoup de mal à marcher avec.

Je ralentis avec un sourire en coin.

- Pourquoi est-ce qu'on devrait ralentir ? Quand j'avais une jambe en moins, tu me poussais pour que j'aille plus vite.

A l'évocation des premiers jours de notre rencontre, Owen grimace.

- C'était à l'époque où je te détestais...

- Qu'est-ce qui te fait croire que je ne te déteste pas ?

Il se tourne vers moi pour me regarder comme si je venais de dire l'imbécilité du siècle, avant de hausser les sourcils en souriant :

- Tu as une drôle de façon de détester les gens, dans ce cas...

Nathanaël ricane, et je hausse les épaules.

- Soit proche de tes amis, encore plus de tes ennemis...

Le rire de mon cousin s'accentue alors qu'Owen me donne un coup de béquille.

- C'est ça, j'y croirais presque.

Nous nous arrêtons dans le croisement qui sépare les chemins de ma chambre et celle des deux garçons, et Owen soupire en grimaçant. Comme il est en béquilles, il est très lent dans les escaliers, et ainsi, c'est Nathanaël qui me raccompagne jusqu'à ma chambre avant de revenir le voir. De cette façon ils arrivent en même temps mais je crois que malgré tout, cela déplaît au châtain.

- Maintenant, est-ce que je pourrais savoir pourquoi tu es aussi tendu, Nathanaël ? S'enquiert-il, et mon cousin sursaute.

Je retiens un soupir. Depuis que nous avons établi notre plan en cas d'attaque des Enfants, Nathanaël est stressé, tendu. Si moi je sais dissimuler mes émotions, lui beaucoup plus difficilement, et comme il vit littéralement avec Owen, ce dernier l'a bien vite remarqué.

- Je suis juste fatigué, je dors mal ces derniers temps, tente de se justifier ce dernier.

- Je ne vois pas ce qui t'empêche de dormir comme ça, râle Owen.

- Rien, ne t'en fais pas.

- Quoi, c'est secret ?

- Eh, je ne t'ai pas demandé ce qui déclenchait tes crises d'angoisse, moi, s'agace mon cousin.

Voyant que la situation commence à être tendue, je m'interpose.

- Ça va, calmez-vous. On est tous préoccupés en ce moment et c'est normal, d'accord ? Pas besoin d'envenimer les choses.

Owen souffle, avant de reculer et déclarer :

- J'y vais.

Il se dirige vers son escalier, et je fais signe à Nathanaël de me suivre dans le couloir qui mène à ma chambre. Dès que je suis sûre qu'Owen n'est plus à portée de voix, je soupire :

- Si ça te fait si peur Nathanaël, ne viens pas. Je ne te force à rien.

- Je n'ai pas peur, rétorque-t-il d'une voix sèche, sourcils légèrement froncés. J'y pense beaucoup, c'est tout, il y a quelque chose de mal à ça ?

- Eh, calme-toi, lâché-je en m'arrêtant pour lui faire face. Je ne suis pas en train de t'agresser, à ce que je sache. Je sais bien que tu y penses, moi aussi, et c'est parce que ça te fait peur, arrête de vouloir le nier. Ça m'angoisse aussi, personne n'est infaillible. Mais tu as plus de chances de vaincre tes peurs en les assumant qu'en les niant comme tu fais.

SolivagantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant