Voilà que les cours reprenaient pour Léna, après ce week-end qu'elle jugeait, comme tous les autres, bien trop courts.
Elle attendait patiemment sa professeure d'anglais, se demandant pour la énième fois pourquoi elle allait en cours.
Elle était la princesse, la future reine ! Jamais elle ne devra passer son entretien d'embauche, jamais elle ne devra se battre pour trouver son travail ! Elle aura au contraire des conseillers, des ministres. Et voilà qu'elle se tuait à se réveiller trop tôt, apprendre des leçons inutiles, des mots de vocabulaire pas centaines... pour des raisons qu'elle ne trouvait pas.
Léna détestait l'anglais, et détestait bien plus le pays, ainsi que toutes familles royales parlant par langue maternelle ce langage. Depuis toute petite, le destin semblait s'acharner sur elle sur ce point-là, et elle avait bien fini par abandonner tout effort que ce soit au niveau de l'apprentissage ou du sociale.
Et ainsi s'enchainèrent les heures de cours et d'ennui jusqu'au mercredi. L'adolescente avait réussi à négocier la permission de passer le bac de sport avec les trois disciplines suivantes : équitation, gymnastique et trois fois cinq-cents mètres. Ainsi, elle venait de passer ses deux dernières heures de la journée à faire des tours de stade et revenait maintenant toute transpirante dans sa chambre, suivie de Juliette.
- Mademoiselle a-t-elle besoin de moi ?
- Prépare mes affaires d'équitation au pied de mon lit, s'il-te-plaît. J'aimerais monter à cheval cet après-midi. Et met également à côté une tenue correcte pour que j'aille déjeuner sans énerver mes parents.
La servante prononça quelques mots avant d'effectuer une petite révérence et de partir :
- Bien, Majesté.
Sur ses mots l'adolescente partit prendre une courte douche, et tout en se séchant, aperçu du coin de l'œil un mouvement dans la cour. Elle approcha de sa fenêtre et vit un camion entrer dans les hangars. Un sourire s'étira sur ses lèvres. Tiens ! une idée...
Elle mangea impatiemment, cachant du mieux qu'elle pouvait son excitation. Cela devait être un camion sanitaire. Il n'allait donc pas tarder à partir : il fallait qu'elle se dépêche. Une fois le déjeuner fini, elle courut dans sa chambre pour tout de même se mettre en tenue d'équitation afin d'éviter tous soupçons, sous le regard étonné des gardes. Arrivée dans les écuries, elle cria au palefrenier qui brossait doucement un jeune cheval.
- Je vais faire brouter Vermicelle et Brocoli !
Et sans rien ajouter de plus, elle saisit deux licols et emporta avec elle les deux petits poneys. Ses deux premiers poneys, maintenant vieux et maigres, mais dont elle n'arrivait pas à se séparer. Ils étaient tellement adorables, tellement mignons et craquants avec leurs petites têtes et sous leurs énormes touffes de crins... L'un était jadis noir, et l'autre alezan crin lavé, mais à présent, de multitudes touffes de poils blancs décoraient leurs robes. Le sourire aux lèvres, elle s'avança vers le hangar, suivi des shetland. La cavalière laissa en liberté les deux équidés, cachés près d'un arbre, sachant qu'ils ne risquaient pas d'aller très loin.
Furtivement, elle se glissa à l'intérieur du bâtiment, et un sourire apparu sur ses lèvres. Aucune alarme n'avait été enclenchée, et le camion était toujours là. Elle tendit l'oreille : personne. La porte se claqua brusquement derrière elle, la faisant sursauter violement. Elle se retourna, anxieuse, mais ce n'était heureusement qu'un courant d'air.
Sur la pointe des pieds, elle s'avança, dans l'obscurité, tentant avec difficulté de ne pas percuter un objet ou un mur; quand tout à coup, elle s'effondra sur le sol dans un vacarme assourdissant, son pied ayant buté un objet métallique. Elle étouffa un juron non digne d'une princesse et se massa son genou endoloris avant de sortir son téléphone de sa poche et d'enclencher la lampe.
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Princesse Léna
Teen FictionPersonne n'a jamais eu autant d'imagination pour déplaire à ses parents que Léna. Plus de deux cent fugues, quatre cent gardes du corps, au fur et à mesure des années, l'adolescente est de plus en plus surveillée, tel une tueuse à gag. Mais quand vo...