Chapitre 38

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La princesse avait attendu quelques minutes avec attention avant de défaire le noeud et prendre la précieuse bande de tissus entre ses mains. Ses yeux pétillaient de bonheur et d'impatience, et elle éteignit les lumières de sa chambre pour allumer sa lampe de chevet.

Le tissu vert kaki devait mesurer un bon mètre de longueur et dix centimètres de largeur. Au centre était cousu une petite poche du même matériel. Elle défit avec facilité les points grossiers de couture et en sortit un papier, plié de nombreuses fois. Un sourire avait illuminé son visage et elle déplia la feuille avec précaution.

C'était son écriture.

Une joie intense et une crainte l'assaillirent. Il prenait un grand risque. Car si un soldat était tombé sur cette lettre, il aurait pu faire identifier l'écriture ; ou si c'était son bodyguard, il aurait bien été capable de faire une recherche d'empreinte digitale pour le retrouver. Il n'aurait pas dû l'écrire lui même. Ça serait une si grande réussite pour un militaire ou un garde de protection rapproché d'avoir trouvé ce papier. Une si grande réussite de découvrir cette histoire et en arrêter l'un des personnages principaux. Car certains récits doivent être bien cachés et les secrets tenus, surtout lorsqu'il font partie de notre vie et y ont une importante place.

Mais en même temps, la jeune fille était heureuse de voir sur toute une feuille cette écriture qui bariolait la copie jadis blanche. Rien qu'à la vue de ces lettre qu'elle reconnaissait entre toutes, son cœur se réchauffait.

Petite Léna,
Si tu savais à quel point tu m'as manqué, depuis ce temps. Je n'ai cessé de compter les jours depuis la dernière fois que l'on s'est vu. Tu as toujours été présente dans mon cœur et l'es encore aujourd'hui, j'espère que tu le sais et en es bien consciente. Mon voyage s'est très bien passé et je reviens au Portugal bien en vie. J'ai un cadeau pour toi mais vu la protection que tes géniteurs t'offrent (avec tous leur amour n'oublions pas ceci..) cela risque d'être difficile. Tellement de choses se sont passées et j'ai hâte de revoir la petite princesse que tu es pour tout lui raconter. J'espère que ta majorité ne te fais pas gonfler le front comme un melon et que tu me respecteras toujours comme ton aîné bien-aimé puisque, bien évidemment, c'est ce que je suis. Bon anniversaire, mais je vais d'ici peu pouvoir te le souhaiter à vive voix.
Il faut vraiment que je te vois. Je serais au portail mardi 30 juillet, à la même heure que la dernière fois. J'ai appris que ton nouveau système de protection rapprochée ne fonctionne plus par binôme et que le nouveau est très résistant à tes petites excursions et ton adorable caractère. Je ne peux que le féliciter pour ses aptitudes à rester en vie, mais je suis surtout inquièt et déçu. Il pourrait peut être porter problème à nos retrouvaille mais je ne l'espère vraiment pas. (sinon je me verrais dans l'obligation de lui refaire la face, ce serait triste non ? Je suis sûr que tu m'aideras avec plaisir. Nous aurions formé un tellement bon travail d'équipe tout les deux, tu le sais) J'espère de tout mon cœur que tu recevras ce message et seras au rendez-vous, mais je ne doute pas de toi sur ce point. C'est vraiment important et je t'attendrais autant de temps qu'il le faudra, pour pouvoir t'annoncer certaines choses. J'essayerais d'aller droit au but, et surtout si tu vois que je m'égare quand je te parlerai, rappelle-moi vraiment de tout te dire directement. Ce sera plus facile ainsi.
Sache que quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe ou s'est passé je serais toujours avec toi, te ton côté, toujours pour te défendre et t'aimer.
À bientôt,
I

Elle sourit et serra la lettre entre ses mains. Gabino et Ivan étaient ses meilleurs amis. Ils étaient sa vie et son bonheur au sein de la société aristocratique royale. Mais lui, c'est autre chose. C'était spécial, tout le contraire. À écouter leur histoire on pourrait se croire dans une roman. Mais non, c'était bien la réalité. Leur réalité. Et elle allait enfin le revoir. Et en plus il allait bien, il était en vie, sain et sauf. La jeune fille avait eu cette pensée, à certains moments ; de le revoir venir en fauteuil roulant, malade, blessé, ou même pire encore : mort. Car ça aurait très bien pu arriver. Les gestes fatales ne pardonnent pas chez eux. Elle espérait tellement qu'il aille bien.

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant