Chapitre 41

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Elle lui saisit le bras, posant sa main la où se trouvait le tatouage, sous le tissu de son tee-shirt blanc.

– Inacio, tu as évolué dans un milieu tellement différent au mien. Avec Joâo, tu es la flèche qui transperce mon horloge. Ma vie entre vos mains. Vous avez décidé... vous aviez décidé de ne pas me tuer. Elle avait prononcé ces mots avec respect. Je sais que toi, tu aurais bien voulu que je m'enfui avec vous. Que je devienne votre petite sœur en quelques sorte. Je sais que tu as vu en moi un talent pour votre travail, et aurait aimé que nous formions une équipe, que nous collaborions ensemble. Ce symbole est d'une importance sans nombre, pour toi comme pour moi, même si je ne pourrait jamais complètement me mélanger à vous. Elle marqua une pose et reprit : Joâo a raison sur un point. C'est que j'ai mes fonctions, vous avez les vôtres, et mélanger nos deux milieux serait dangereux. Mais vous m'avez fait découvrir une réalité qu'on m'a toujours caché. Vous m'avez apporté quelques chose là-dedans. Dit-elle en posant la main sur son cœur. Et vous y resterez jusqu'à la fin de mes jours. Vous m'avez aidé, vous m'avez même sauvé. Vous m'avez fait grandir et j'ai découvert une part du vrai monde grâce à vous, même si je n'ai pas pu l'expérimenter. Elle sourit. Alors oui, je suis vraiment consciente de ce à quoi conduit ce bijoux, et ce symbole. Je le protégerais toute la vie, et userais de tous les moyens nécessaires pour en rendre hommage.

L'homme sourit, fier de la jeune fille. Oui, il aurait aimé l'avoir comme petite sœur, la former au métier qu'est le sien. Mais oui c'était impossible. Car ils avaient tout deux été conçu pour mener une vie bien différente.

Il voile triste se plaçait cependant devant ses yeux à chaque fois que l'adolescente prononçait le nom de Joâo. Il sentait l'émotion le submerger, et cachait celle-ci au plus profond de son cœur. Il fallait qu'il lui dise. Il fallait qu'il dise à Léna ce qui s'était passé. Mais le courage ne lui venait pas. Parce que ce que Léna ne semblait pas réaliser, c'est que ce n'était pas lui et Joâo qui disposaient de sa vie entre ses mains. Comme au jeu du loup-garou lorsque l'on tue une des deux personnes liées par Cupidon : si l'un décède, l'autre et irréversiblement placé face à la mort.

Et ce n'était nullement Léna et Inacio, ou Léna et Inacio et Joâo qui étaient liés.

Mais seulement Joâo et Léna.

– Petite Léna...

Sans chercher à se retenir, il serra le petit corps de la jeune fille contre lui.

– Petite Léna, il faut que je te dise la mauvaise nouvelle maintenant. Dit-il en un souffle. Sa voix semblait se déchirer. Se laissant enlacer, l'adolescente plaça ses bras dans le dos de l'homme. Elle ne parlait pas, sachant très bien qu'elle n'avait qu'à attendre qu'il le dise par lui même. Un crainte assaillait son cœur.

– On a eu de gros problèmes en Amérique. Mon frère. Mon frère est mort, Léna. On a assassiné Joâo.

La voix de l'homme tremblait d'émotion, et la princesse eut l'impression que ses jambes ne pouvaient plus la tenir. Tétanisée, elle s'accrocha au garçon comme-ci elle s'accrochait à la vie. Et ce qui était effrayant, c'est que c'était un peu ça.

Quelques minutes passèrent en silence. Les deux jeunes gens semblaient pleurer dans les bras de l'autre. Mais étrangement, aucune larme ne coulait de leurs yeux. Car Inacio avait une femme pour le consoler, maintenant ; il avait tant pleuré son frère qu'aucune larme n'était restée en lui. Et Léna, elle, ne pleurait jamais.

En même temps, un flash-back leur était revenu en mémoire :

Léna avait huit ans, et son système de protection n'était pas encore très développé. Deux nattes ornaient son joli visage de petite fille. Elle avait passé ce portail qui n'était pas encore électrifié, pour chercher une rose sauvage qui trônait à l'orée des bois. Les deux bonnes qui étaient chargées de la surveiller devaient faire la sieste, quelques part sur de confortables chaises de jardins. Mais à peine avait-elle franchit la route qui longeait le mur d'enceinte que quelqu'un la prit par derrière, plaçant sa main devant sa bouche. Sans que la fillette ne puisse comprendre quoi que ce soit, on l'avait emmené dans les bois.

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant