Chapitre 56

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La discussion entre Dylan et son équipe dura jusqu'au dîner, où le jeune garde du corps dû quitter à contre-cœur ses amis. Sixtine était venue le cherche plus tôt que les autres jours. La petite femme avait les cheveux noirs coiffés dans un chignon strict. Les traits tirés comme à son habitude, elle lui adressa un sourire poli avant de parler, se tenant bien droite dans sa robe noire à col blanc de gouvernante.

– Monsieur, ses Majestés le roi et la reine vous attendent dans le petit salon.

– Bien. Permettez que j'enfile une tenue correcte et j'arrive immédiatement. La femme acquiesça avant de faire demi-tour pour retourner à ses occupations. Le jeune homme enfila son habituel pantalon noir, une chemise noire, et termina sa tenue par une cravate blanche. Il préférait largement mettre des nœuds papillons qu'il trouvait plus élégants, mais le garçon n'avait jamais compris comment le bout de tissu s'accrochait. Son seul moyen était d'acheter des nœuds pour enfants, accrochés à un élastique qui s'enfilait autour du cou en quelques secondes. Mais il préférait éviter. Léna trouverait à coup sûr un moyen de le remarquer et le lui faire regretter.

Le garçon arriva quelques minutes plus tard dans le petit salon. Un garde lui ouvrit la porte sans un mot, et il tomba né à né avec une femme de trente-cinq ans, assez grande et qui ressemblait à un véritable pot de peinture. Alors qu'il allait saluer la dame, une voix l'interpella :

– Ha monsieur Duciel vous êtes enfin là ! Nous vous attendions avec impatience. Mais où est notre fille ?

– J'ai eu un appel d'urgence à régler avec mon supérieur. J'ai donc confié sa Majesté Léna à deux hommes de la garde royale.

Le roi rit ironiquement.

– Et vous n'avez donc pas peur qu'elle en profite pour fuguer ?

– Je suis persuadé que vos hommes m'auraient appelé dans la seconde. Mademoiselle doit être à la piscine, voulez-vous que j'aille la chercher ?

– Non, laissez. Lui répondit la reine en faisant un signe de main. Elle interpela un garde pour lui demander d'aller dire à Juliette de se charger d'annoncer à sa fille que d'ici cinq minutes, elle serait en retard au dîner et que ce serait fort regrettable, puisqu'ils avaient comme invités la ministre de l'éducation et sa fille Elise.

Léna faisait quelques longueurs dans l'eau lorsque la gouvernante blonde vénitienne arriva. Elle avait été tentée de partir en courant pour essayer une énième fois de faire le mur, mais s'était vite résigné. Dylan ne serait pas là pour la voir franchir la limite, donc ça perdait tout son intérêt.

– Mademoiselle, vos parents vous attendent pour le dîner auquel vous risquez d'être en retard.

– Vous n'avez donc rien d'important à me dire ? Soupira la jeune fille tout en plongeant du bord de la piscine. La gouvernante attendit que sa jeune maitresse sorte la tête de l'eau pour continuer à parler :

– Nous avons l'honneur d'accueillir notre ministre de l'éducation et sa fille. Il serait dérangeant que vous soyez en retard pour le repas, sans vouloir vous contrarier.

L'adolescente rit ouvertement.

– Raison de plus pour ne pas être à l'heure !

Face à elle, la bonne leva les yeux au ciel. Elle aimait bien son travail, ici au palais royal. Mais sans cette petite garce ce serait vraiment le paradis. La princesse continua :

– J'ai compris Juliette, vous pouvez y aller.

Et elle replongea dans l'eau tiède, avant d'en sortir définitivement et s'envelopper dans une serviette pour sécher son corps. Les cheveux dégoulinant dans son dos et son maillot de bain encore trempé, elle enfila rapidement une chemise de plage noire qui lui arrivait à la mi-cuisse. Elle ne prit même pas la peine de fermer les boutons, laissant à découvert son corps bronzé sur lequel ruisselait quelques gouttes d'eau et son maillot de bain blanc, contrastant à merveille avec sa tenue. Elle mit rapidement ses petites sandales plates avant d'étendre sa serviette mouillée sur son transat, en compagnie de son grand chapeau de paille et son verre vide. Sixtine ou Juliette finira bien par passer et ramasser tout ça. C'était leur boulot, après tout. Les deux gardes qui la surveillaient depuis quelques heures la regardaient d'un œil louche, étonné que la jeune princesse ait été si sage durant tout ce temps. Elle mit ses lunettes de soleil sur sa tête, emmêlant les branches à ses cheveux. L'adolescent avait fait tous ces gestes en prenant bien son temps, profitant des dernières minutes de la journée à l'extérieur pour absorber tout le soleil dont elle avait besoin pour la nuit. Absorber cette clarté et espérer que ça suffisse pour combler l'obscurité terrifiante qui, comme les autres soirs depuis son agression, viendra probablement la hanter.

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant