Chapitre 45

3.3K 314 59
                                    

– Et vous Majestée, quel est votre ressenti sur l'événement ? Pourriez-vous nous transmettre, à moi et à tous nos téléspectateurs, ce que vous pensez de cet homme à présent décédé ? Mais qui fut lors de sa vie s'élevant à vingt-neuf années, un personnage puissant et dangereux, craint à l'échelle planétaire.

En direct, sur la chaîne de télévision mais aussi face à la famille royale, était diffusé les obsèques de Joâo. Il y avait tant de personnes, mais pourtant pas la moitié de ses gens n'était là. La peur de se faire arrêter les avait empêchés de venir.

Tous sobrement habillés de noir, ils assistaient à cet évènement funèbre, les larmes aux yeux pour certains. Cagoulés, rarent étaient ceux qui montraient leur visage. Très peu de journalistes avaient été autorisés à venir.

La famille d'Inacio était extrêmement discrète sur leurs affaires personnelles. Et à ce jour personne ne savait vraiment combien étaient-ils, vivants ou morts. Peut-être même que Léna ne connaissait pas toute la vérité. Et si c'était le cas, elle ne leur en voudrait pas : elle restait l'héritière du trône Portugais.

L'adolescente déglutit et posa les yeux sur la caméra, puis les journalistes. Un sourire machiavélique et brisé avait pris place dans son esprit.

– Vous voulez savoir ce que je pense de ce monsieur dont l'enterrement qui nous est diffusé ? Ou de ce que je pense de cet évènement auquel nous participons actuellement ?

L'homme bégaya avant de se reprendre, sourire au lèvres, comme l'exige son métier.

– Que pensez-vous de cet homme ? Quels mots avez-vous à nous dire sur sa mort célébrée ici ? Lui qui a nuit à tant de personnes.

L'esprit de Léna s'obscurcit d'un seul coup. Lui qui a nuit à tant de personnes. Même si c'était la stricte vérité ; jamais, au grand jamais il n'aurait dû dire ça.

– Monsieur, je tiens tout d'abord à vous exprimer mon ressenti sur vos mots. La mort de cet individu est célèbrée vous avez dit ? Eh bien, permettez-moi de vous annoncer que je ne suis guère enjouée par l'emploi de cet adverbe. Je pars sur le principe qu'on ne célèbre pas la mort, car c'est un événement funèbre et triste faisant couler des larmes sur des visages doux et sincères. Et je pense que toute personne dotée d'un esprit sensible et humain devrait penser de même. Cet homme a peut-être eut une vie lugubre. Mais qui vous prouve que ses actes n'étaient pas en faveur d'autrui. Car comme l'est la triste vérité : le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ce n'est point un proverbe mais la réalité de cette vie qui nous a été donnée. Cet homme a certes tué, volé et d'autres encore. Mais aujourd'hui sa famille, ses proches et ses connaissances sont endeuillés et, ne pensez-vous pas que ce serait, en quelques sorte profanation de se réjouir qu'une âme ai quitté un corps ?

Le jeune princesse avait fini son discours par un sourire ravis. Les caméramans paraissaient atérrés derrière leurs appareils tandis que les deux journalistes qui se trouvaient face à elle avaient le visage crispé. C'est qu'ils étaient placés sous la direction de l'État. De leur roi, leur reine et le parti politique qu'ils représentaient. Leurs aides financières venaient de grands pôles publicitaires et commerciaux qui pouvaient les ruiner en un claquement de doigt. Leur image était précieuse et la future héritière menait ici des propos dérangeants, sur un émission diffusée en direct, sans filtres. Cependant c'était leur prochaine reine et respect y est dû. Ils devaient lui laisser la parole sans trop la contrarier.

Derrière leurs visages décompléxés, le roi et la reine avaient chacune des parties de leurs corps crispée. Ils regardaient leur fille d'une façon qui signifiait une certaine envie de meurtre. L'adolescent n'y fit nullement attention et reposa ses yeux sur le présentateur qui avait commencé à parler. Sur les images qui leurs étaient montrées, on pouvait constater que la cérémonie religieuse à l'intérieur de l'église était terminée. Le cortège funèbre venait d'arriver au cimetière et le cercueil d'un blanc magnifique était face au trou creusé dans le sol. Des dizaines de fleurs trônaient autour de lui et un bouquet de roses était posé sur la plaque de bois vernis.

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant