Chapitre 11

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– Léna... bien que tu sois enfermée dans ta chambre et te montre légèrement plus sage qu'à ton habitude, il se trouve que tu nous fais tout de même surmonter quelques problèmes.

Sa mère parlait lentement, d'une voix exaspérée. Le roi approcha, un journal dans les mains, un magasine plus précisément.

– Ce n'est qu'un magazine people, je le sais. Mais ta réputation ne fait que décroitre et creuser encore plus bas qu'elle ne l'était déjà. Et sans rien ajouter de plus, il lui tendit l'objet, ouvert à une page précise, tout en continuant :

– Et de plus, tu entraines le prince Del Sellaio.

Sans l'écouter, la jeune fille s'empara presque victorieusement des pages et commença à les lire. Elles parlaient de sa vie mouvementée au palais, de son escapade de nuit d'un appartement à l'autre qu'elle avait mené avec Gabino. Une caricature néfaste d'elle qui la décrivait comme une adolescente en pleine crise, insupportable et insolente. Rien de nouveau, pour les magazines people. Elle avait l'habitude et ces articles ne faisait pour elle qu'une énième preuve victorieuse de son caractère.

Un article signé Marc. Pas très discret, se dit-elle dans sa tête, remarquant les témoignages de celui-ci son l'anonymat d'un "garde du corps menacé". Haaa, s'il savait que cela la rendait plus heureuse qu'autre chose.

– Alors ? Réaction ? Lui demanda brusquement son père.

– C'est dommage... Répondit-elle en un seul souffle.

Ses parents s'offusquèrent et, rouge de colère, la reine lui dit :

– C'est tout ce que tu as à nous dire ? Remonte dans ta chambre, Léna !

Et tandis qu'elle faisait demi-tour, l'adolescente lui répondit en la regardant droit dans les yeux :

– C'est dommage, ils ont oubliés de mentionner que j'avais caché Gabi sous mon lit tandis qu'une gouvernante passait par là et était entrée dans ma chambre car elle avait entendu du bruit.

Et sur-ce, elle claqua la porte au nez du couple, un sourire gravé aux lèvres et savourant sa victoire, sachant très bien que ceux-ci détestait l'utilisation des surnoms et l'insolence qu'elle venait d'utiliser. La voix colérique de son père parvint à ses oreilles.

– Et révise ton baccalauréat, ou sinon, TU VAS M'ENTENDRE ! Encore une fuite de ta part, et, et, TU VAS M'ENTENDRE.

Elle ricana ironiquement. Bien sûr qu'elle aurait son bac. La jeune fille n'avait aucun point à rattraper sur ceux de sa langue maternelle et de sciences passés l'année dernière, qu'elle avait réussi à merveille. Celui d'EPS s'était très bien passé et elle avait au minimum au dix-huit sur vingt. Elle avait été contrainte à pratiquer des cours d'SES depuis la quatrième et avait énormément de culture générale en histoire-géographie particulièrement, suite à la recherche de perfection de la part de ses parents. Ils avaient réussi à la gâcher des dizaines de week-ends, un grand nombre de vacances par leurs cours supplémentaires.

Voilà, en les narguant à présent, elle se vengeait, tout simplement.

C'est ainsi que trois semaines plus tard, Léna avait passé son bac, et était toujours enfermée dans sa chambre, mourant d'ennui durant ces vacances d'été et imaginant dans sa tête mille et une bêtises. Ses parents l'avaient appelée à l'instant et voilà qu'elle se dirigeait vers la bibliothèque où ils l'attendaient. Toute heureuse et excitée de pouvoir enfin sortir de sa prison, au lieu de descendre calmement les marches, elle s'assit brusquement sur le bar de l'escalier et se laissa glisser en bas tout en riant. Surpris, les gardes qui la suivaient commencèrent à lui courir après, de peur de la perdre de vue.

Mais ayant déjà de l'avance, l'adolescente décida de se diriger rapidement jusqu'aux cuisines, bien décidée de trouver quelques choses à manger. Voyant malheureusement ses quatre pot-de-colle qui la rattrapaient rapidement, elle accéléra du mieux qu'elle pouvait...

Sans penser que le sol venait tout juste d'être nettoyé, ses pieds glissèrent sur la surface lisse et polie par le savon et elle atterrit douloureusement sur les fesses, continuant sa glissade à grande vitesse, ne possédant aucun moyen de s'arrêter. Elle s'agrippa à la première chose qui rencontra son chemin, un meuble, ou un grand vase qu'elle ne distinguait pas bien. Celui-ci stoppa légèrement sa course avant l'arrivée du mur qui fut moins brutale. Son amortisseur s'effondra par terre en un bruit fracassant. C'était un grand vase remplis de magnifiques et fausses fleurs.

Ses adversaires eurent moins de chance qu'elle. Eux aussi pris dans la course, ils patinaient avec mal sur le sol avant d'atterrir, pour certains la tête la première, sur le mur.

Tout ce bruit alerta les cuisiniers et tout le personnel qui se trouvait aux alentours. Des gardes aidèrent leurs collègues à se relever puis à repartir, et tout un attroupement se fit autour de l'adolescente, qui, dans une position mi-allongée mi-assise, peinait à enlever les morceaux du vase et commençait à s'énerver. Personne n'osait lui venir en aide, bouche-bée face à la catastrophe qu'elle venait encore une fois de commettre.

Elle maugréait dans sa barbe, mais les yeux tout de même pétillant face à cette nouvelle idée de bêtise fort intéressante... il faudrait absolument qu'elle trouve ce produit merveilleux qui rendait les sols du palais en une ravissante patinoire brillante...

– Voulez-vous de l'aide, mademoiselle ?

Surprise par cette prise de vie de la part des employés, elle replaça ses cheveux en ordre pour apercevoir une main qui se trouvait juste devant elle. Elle l'empoigna en murmurant un simple : "Merci ; pas trop tôt" avant de se relever.

C'est avec surprise qu'elle tomba sur un beau garçon d'environs son âge. Les cheveux châtains, en bataille, les yeux légèrement rieurs face à cette scène à laquelle il venait d'assister.

Un nouveau, sûrement. Se dit-elle tout en replaçant du mieux qu'elle pouvait ses nombreuses mèches. Pff, quel gâchis d'être aussi beau et de servir de cuisinier dans un palais tenu par un couple exécrable et une princesse immature. Continua-t-elle en pensée, se décrochant à elle-même un petit sourire.

Tiens, il est en costard... Bah, ça devait être son entretien d'embauche et il visite des lieux, sûrement.

Voyant qu'il gardait toujours sa main dans la sienne, elle la décrocha brusquement et lui adressa un faux sourire avant de faire demi-tour.

Décidée, elle se rendit vers la bibliothèque de pied ferme, prête à affronter ses parents. Plus aucun garde ne la suivait. Elle ouvrit la porte et la claqua derrière elle, annonçant ainsi sa venue. Le roi et la reine se tournèrent vers elle, un léger sourire aux lèvres.

– Allons dans ta chambre ma chérie.

Hein ? Ma chérie ? Mais qu'est ce qu'il se passait encore... Ses géniteurs avaient suivi une thérapie de couple et la psy avait remise en cause leur éducation et la façon d'appeler leur enfant ou quoi ?

Bizarre, bizarre. Mauvais signe, ou pas ? Depuis quand ses parents étaient si gentils avec elle ? Fronçant les sourcils elle se rendit donc à son appartement, suivi du couple royal. Lorsqu'elle y arriva, elle s'assit sur son lit, laissant son père et sa mère debout, face à elle. Son père s'avança nerveusement vers le balcon, tout en parlant :

– Léna, je suis fier de toi. Tu as eu ton baccalauréat.

Et ? ... Quelle importance ? Ce n'est qu'un diplôme, un diplôme qui, tout au plus, ne lui servirait à rien.

– Avec la mention très bien, comme je te l'avais demandé.

Un sourire triomphant s'afficha tout de même sur les lèvres de la jeune fille.

– À un point près.

Ah, oui. Ils ne doivent pas être très content de ça par contre...

– Ainsi, nous avons décidé de récompenser.

Elle haussa un sourcil face à la phrase de sa mère. Tout cela sentait le coup foireux. Ils étaient bien trop gentils pour lui offrir quelque chose sans le coup bas qui va avec.

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant