Chapitre 68

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Les deux jeunes gens rentrèrent au palais, trempés de la tête aux pieds. Sur le chemin, ils croisèrent Sixtine qui les regarda outrés, sursautant en voyant que même Dylan semblait être plutôt fautif dans ce qui venait de se passer.

La porte en bas de l'escalier en colimaçon menant directement à la chambre du garde du corps était fermée, et ils durent rentrer à leurs appartements en passant par l'entrée principale. A chaque pas de plus, l'eau qui ruisselait sur leur corps et imbibait leurs vêtements coulait de plus en plus par terre. Ils évitèrent les gardes, mais Léna ne pouvait s'empêcher de regarder derrière elle avec amusement, se demandant la tête que feront ceux-ci lorsqu'ils verront leurs traces de pas pleines d'eau.

Les cheveux de Léna, regroupés en queue de cheval, dégoulinaient désagréablement dans son dos. Exaspérée, elle finit par les pendre dans ses mains et les essorer brusquement. On aurait dit qu'un seau d'eau venait de se renverse par terre. En voyant le spectacle, la mâchoire de Dylan sembla se décrocher et ses yeux ne cessaient de faire des allers-retours entre le sol ou gisait à présent la marre d'eau, et la tête de la jeune fille.

Mais elle était folle ou quoi...

C'était du parquet !

En voyant la tête que tirait le garçon, Léna rit doucement et se mit à courir sur les derniers mètres qui menaient à sa chambre, suivit par le garde de protection rapproché, qui souffla de désespoir.

Elle venait de détruire un plancher en bois datant du dix-huitième siècle.

Au plus grand soulagement de Dylan, personne ne lui parla de l'incident des traces de pas mouillées retrouvées un peu partout dans le palais. De ce qu'il avait vu, les gouvernantes avaient plutôt bien rattrapé les dégâts, et il ne savait même pas si le roi et la reine avaient été mis au courant du problème. Ça le soulageait quand même. Il n'était pas un invité ou un ami, mais un employé. Il ne pouvait pas se permettre de commettre trop de faux pas. Un dérapage arrive vite et les conséquences qui en résultent sont parfois très importantes.

Léna passa toute la matinée du lendemain à regarder tranquillement des séries, en comatant dans ses draps. A midi quinze, Juliette fit irruption dans la chambre et faillait hurler en voyant la pièce encore plongée dans le noir et sa jeune maîtresse tranquillement allongée dans son lit, en pyjama. Elle se dirigea rapidement vers les fenêtres pour les ouvrir en grand et aérer la pièce, tout en appelant Sixtine pour qu'elle vienne l'aider. La femme aux cheveux noir et aux traits sévères arriva en quelques secondes. Elle soupira en voyant que la princesse n'était toujours pas debout et lui arracha son portable des mains pour la lever sans ménage.

- Mademoiselle il faut vous préparer, le déjeuner aura lieu dans moins d'un quart d'heure !

La jeune fille grommela quelques mots, s'empara d'une robe bleu roi et se rendit dans sa salle de bain pour l'enfiler. Avant de fermer la porte elle lâcha d'un ton monocorde :

- Je suis en âge de me préparer toute seule vous pouvez y aller, c'est bon.

Les gouvernantes partirent sans un mot, laissant leur jeune maitresse se débrouiller pour être prête au déjeuner qui allait commencer d'ici dix minutes. Alors bien entendu, la jeune fille fut en retard à celui-ci, ce qui lui valut le regard noir de ses géniteurs qu'elle décida, comme à son habitude, d'ignorer.

Il faut bien l'avouer, la relation parents/enfants entre Léna et le couple royal ne se portait jamais à merveille. Ça n'avait d'ailleurs jamais été le cas. La jeune femme n'avait pas vraiment compris d'où venait cette haine presque féroce qui lui était vouée, et en avait conclu que c'était un sentiment naturel chez ses parents. Ils n'aimaient pas leur fille. Ce qu'elle savait, entre autres, c'est que le roi et la reine voulaient un garçon. Son père est actuellement le dernier membre masculin de la lignée, et ils souhaitaient plus que tout pouvoir offrir un avenir aux Da Costa. Ils voulaient éviter l'extinction de ce nom de famille qui les soutenait depuis de glorieuses générations. Et voilà qu'à la place, ils avaient eu une fille. Peut-être que, malgré la déception, ils avaient essayé de l'aimer au début. C'était, à leurs yeux, fatidiques. Suite à une maladie décelée chez le roi, ils savaient que leur possibilité de créer d'autres descendants leurs était impossible.

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant