Léna relisait tranquillement ses cours de sciences sociales. Elle allait avoir une évaluation le lendemain, et disons que pour se donner bonne conscience elle avait décidé de se pencher sur le thème pour la première fois depuis le début de l'année scolaire.
Ses parents étaient rentrés d'Asie depuis deux jours, apparemment très heureux de leur voyage d'affaire qui avait été fructueux. Bien sûr, ils l'avaient immédiatement engueulés pour les quelques photos dérangeantes qu'avaient prises les journalistes lors du bal, pour les jouets de Mac Donalds à son effigie qu'ils avaient découvert par un de leur client d'Hong Kong, mais aussi pour ce désastreux conseil ou elle s'était endormie. Selon leur ministre de l'éducation, l'héritière du trône avait même bien ronflé.
Mais la jeune fille n'en n'avait clairement rien à faire et leur avait royalement ris au nez, esquivant de près la gifle de sa mère qui avait précédé son insolence. Mais quand donc ses géniteurs commenceront à comprendre qu'elle tirait de chacune de leurs reproches une véritable satisfaction personnelle ? Après dix-huit ans de cohabitation, ils devraient commencer à s'en rendre compte quand même !
Bref, malgré le retour du roi et de la reine, le moral et la bonne humeur de la brunette restait toujours aussi élevé. Elle vivait sur un véritable petit nuage depuis quelques jours. Depuis cette soirée à la plage. Tout semblait aller pour le mieux dans sa vie, et surtout avec Jayson. C'était tellement bien, elle aurait donné n'importe quoi pour que le temps s'immobilise à cet instant de son existence.
Cette époque engendra de merveilleux souvenirs qui, il se le pourrait bien, seront d'ici quelques mois les seuls réconforts qui lui seront offerts...
Justement, en parlant du loup, des bras musclés l'encerclèrent, et sans prévenir leur propriétaire l'embrassa furtivement dans le cou :
– C'est l'heure d'aller dîner princesse.
Princesse. Elle adorait qu'il l'appelle ainsi, prononçant ce mot de manière si spéciale. Ce n'était pas une formule de politesse comme « mademoiselle » ou « majesté ». C'était un mot qu'il semblait dire avec tellement de profonds sentiments que son cœur s'en nourrissait avidement.
Elle se leva du siège sur laquelle elle s'était assise.
– Eh bien allons-y, mon ange.
Mon ange. Il détestait qu'elle l'appelle ainsi. Depuis quand Jayson Apo Ti Thalassa était-il un ange ? Impossible. Il était tout sauf un ange. Mais comme on le sait tous, Léna aimait donner des surnoms à ses proches, comme Gabi par exemple. Mais là comment faire : Dydy, Jayjay, Dyson ? C'était beaucoup trop compliqué et problématique, lui créant un blocage psychologique. Alors elle avait opté pour mon ange, ce qui agaçait le garde du corps au plus haut point :
– Par pitié, arrête avec ce nom ridicule. Ou trouve autre chose moi je ne sais pas !
Léna secoua la tête de droite à gauche tout en riant :
– Non non non ça te va beaucoup trop bien pour que j'abandonne ! Garde du corps et ange gardien c'est quasiment la même chose en plus !
Et voilà, on revenait au rapprochement entre sa profession et cette métaphore. Ça, c'était l'excuse préférée de la brunette et elle la lui sortait à chaque fois.
Voyant l'air énervé et désespéré du garçon, Léna ricana et se dirigea vers la sortie. Elle aimait beaucoup trop l'embêter ainsi et titiller ses nerfs. Les réactions de Jayson la faisaient souvent rire. La princesse sourit malicieusement et se mit à dévaler les escaliers en direction de la salle à manger, d'où venait une odeur alléchante de poulet rôti.
Jayson n'avait eu aucune nouvelle de la part de Gilles et de la décision prise par le conseil. Ça le rendait un peu anxieux, mais il tentait de passer outre et profiter le plus possible du temps passé avec Léna. Car pour lui, dans sa tête, c'était clair et net : il allait se faire rapatrier en France illico presto et sans deuxième chance. Ce serait beaucoup trop beau, et bien qu'il était apprécié et respecté par ses collègues, le jeune garde du corps n'espérait absolument pas avoir la majorité des votes en sa faveur.
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Princesse Léna
أدب المراهقينPersonne n'a jamais eu autant d'imagination pour déplaire à ses parents que Léna. Plus de deux cent fugues, quatre cent gardes du corps, au fur et à mesure des années, l'adolescente est de plus en plus surveillée, tel une tueuse à gag. Mais quand vo...