Chapitre 2

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Après un rêve joyeux et ensoleillé, en plein monde des bisounours et de maya l'abeille, et peuplé de princes (biscuits comme humains) à tous coins de rues ; Léna s'éveilla gaiement, de bonne humeur, d'autant plus que son sommeil s'était coupé deux fois durant la nuit.

Deux merveilleux moments où elle s'était rendue compte avoir devant elle encore quelques heures à passer dans son lit !

Elle regarda son réveil les yeux encore ensommeillés, et dès qu'elle eut fini de lire les quatre chiffres, ses sourcils se relevèrent brusquement et elle sursauta légèrement.

Tu es encore en train de dormir Léna, ton imagination stupide te mène par le bout du nez... S'était-elle dit tout en se recouchant, persuadée qu'elle rêvait encore. Mais ses soupçons commencèrent à apparaitre petit à petit quand elle vit des traits de lumière se dessiner depuis les fenêtres. En ouvrant bien les oreilles, elle arrivait à entendre le bruit lointain des conversations et du château qui s'activait. La dernière chose qui réussit à la convaincre fut les paroles fortes et grave d'un homme, qu'elle entendait à travers l'embrasure de la porte :

— Je commence sérieusement à m'inquiéter. Ce n'est pas dans ses habitudes de se lever si tard. Encore dix minutes et j'entre dans la chambre, je te préviens, Marc.

Tiens tiens, un de mes gardes du corps s'appelle Marc.

Tiens tiens, mon rêve est beaucoup trop réaliste.

Tiens tiens, il est midi six.

Attendez... quoi ?!

Midi six !

En quelques secondes, ses pieds nus touchèrent le sol de sa chambre, elle courut à sa porte, et complètement paniquée appela Juliette qui arriva à peine trente secondes plus tard. En la voyant, l'adolescente oublia toute question de temps et lui dit d'une voix narquoise :

— Alors ma chère, vous êtes-vous bien reposée hier soir ?

Penaude, la blonde vénitienne baissa les yeux. Grande, maigre, les iris vert amande, elle aurait pu être un belle femme si son poids avait été un peu plus lourd. À vingt-huit ans, elle avoisinait entre quarante-sept et quarante-neuf kilos, trop léger pour sa taille et son âge. Certains disent même qu'elle eut été anorexique.

Et au lieu de répondre à la question de la jeune princesse, elle demanda de sa voix habituelle, voix que détestait et détestera toujours la jeune fille.

— Son Altesse est malade ? Avez-vous de la fièvre ?

Elle semblait presque inquiète et approchait déjà sa main du front de l'adolescente, qui la repoussa doucement, mais avec autorité.

— Que nenni, j'ai juste très bien dormi.

À ces mots, la servante s'affola : il ne lui restait plus que quinze minutes pour préparer sa maîtresse ! Son visage se crispa, et elle alla chercher de l'aide. À peine trois minutes plus tard, de deux, ils étaient passés à onze. Et, sous les ordres autoritaires de Juliette, tous s'activaient comme dans une fourmilière.

Elle avait beau ne pas porter cette femme dans son cœur, Léna devait bien admettre cela : elle savait prendre les choses en main.

Sans non plus perdre trop de temps, la princesse était allée s'enfermer dans sa salle de bain, pour se changer. Son choix de vêtement se porta sur une tenue rapide à mettre et bien plus simple pour les activités qui l'attendraient l'après-midi. Elle aurait pu enfiler une robe, des talons, se maquiller le visage, se lisser les cheveux, rien que pour avoir le plaisir d'arriver en retard au déjeuner.

Mais non. Léna était insupportable et pénible, mais pour rien au monde elle n'aurait raté l'entrée italienne qui l'attendait impatiemment sur la table ! Tout de même !

Elle mit environ cinq petites minutes à enfiler ses habits, puis dix autres à se laver le visage, les mains, les dents, et s'appliquer une petite touche de mascara. De l'autre côté de la porte, tous devaient paniquer et regarder leurs montres avec angoisse. Cette pensée lui avait décroché un petit sourire.

Et enfin, la touche finale : queue de cheval haute et serrée.

Lorsqu'elle sortit enfin, si Juliette était déjà à la limite de la crise cardiaque par le temps qui passait rapidement, l'adolescente crut bien devoir aller chercher le défibrillateur lorsque la gouvernant la vit accoutrée ainsi. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais trop abasourdie pour dire quoi que ce soit, aucun mot n'en sortit.

Le déjeuner s'était passé en silence. Les seuls bruits que l'on entendait étaient ceux des pas que produisaient les serveurs et des couverts résonnant dans les assiettes. Depuis le moment où le roi et la reine avaient vu leur fille vêtue d'un leggin noir et d'un léger sweat, l'ambiance n'avait fait que chuter. Regards noirs de la part de sa mère, poings serrés avec son père... Pour une fois, il n'y eut pas l'un de ces longs discours qu'elle n'écoutait jamais ou encore un haussement de ton lors d'une conversation. Ni le roi, ni la reine, n'avaient adressé la parole à leur enfant. Elle savoura donc avec plaisir son entrée italienne tant attendue, sous le regard lourd et pesant des personnes qui l'avaient conçue.

Après avoir terminé rapidement le tiramisu qui lui servait de dessert, la jeune fille quitta la salle, sans adresser une parole ou un regard à ses parents.

Direction : gymnastique !

Des sports, elle en a testé des dizaines, allant de l'escalade à la natation, de la danse au ski... que d'expériences dont seules trois l'avaient réellement attirée : la boxe, ou plutôt l'utilisation du punching-ball, très décontractant et pratique pour se défouler. En effet, il suffit tout simplement d'y coller la photo du visage de la personne énervante, ses parents par exemple, et de taper. Taper très fort, sans s'arrêter. C'est une technique rapide, simple et efficace.

Espèce de folle va...

Ensuite, la gymnastique. Pour faire simple, ce qui l'avait conquise dans ce sport, c'est la capacité à pouvoir imaginer de très nombreuses fugues et autres occupations du genre grâces aux barres. Rapide, simple et efficace encore une fois !

Et pour finir, l'équitation. Ah... jamais elle n'oublierait ce magnifique cheval. Ce cheval dont chaque petite fille rêve. Ce cheval avec qui elle avait réussi à sauter un mur de cent-cinquante centimètres (mur d'enceinte à l'endroit des paddocks, mais chut...). Ce cheval noir ébène avec des yeux aussi profonds que la nuit. Ah.. Sauterelle, ce cheval aussi gracieux qu'une poule et grand qu'une autruche.

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant