Chapitre 96

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Lorsqu’elle arriva au palais le vingt-six au matin, personne n’arrivait à dire à Léna si Dylan allait mieux ; que ce soit les gardes, gouvernantes, cuisiniers… Tous avaient la même version : il avait fait un arrêt cardiaque avant de respirer à nouveau et revivre.

Mais rien d’autre, pas un seul renseignement de plus.

Frustrée et stressée, Léna appela docteur Jean mais l’homme ne répondit pas. Elle lui laissa donc un message vocal, lui demandant de la rappeler au plus vite pour lui expliquer ce qui s’était passé avec son ancien garde du corps. Car bizarrement, lorsqu’on tapait « résurrection » sur google on n’avait que des passages de la bible sur Jésus Christ… Pas de quoi nous en dire plus sur l’état de Jayson.

Alors qu’elle allait rentrer dans sa chambre, Sixtine arriva derrière elle et l’interpella de son habituelle voix aigrie, faisant grimacer sa jeune maitresse :

– Majesté ? Le roi et la reine vous attendent dans le petit salon.

La brunette soupira et fit demi-tour à contre cœur. C’est vrai, son pauvre petit papounet était malade, il fallait absolument qu’elle lui fasse part de ses très sincères condoléances voyons…

Elle arriva donc dans la petite pièce et y trouva ses deux parents confortablement assis dans un canapé de couleur rouge sang et or. La jeune fille haussa les sourcils : son père avait l’air en pleine forme. La peau un peu pâle, mais rien de grave à première vue. Elle haussa négligemment les épaules, ne cherchant pas trop à comprendre, et s’assit à son tour dans un fauteuil de luxe.

– Bonjour Léna.

– Père, Mère, les salua-t-elle d’une voix froide.

Il y eut deux longues minutes de silence, très déstabilisant. On entendait deux mouches voler dans la salle avant de se poser sur un lustre et cesser de faire du bruit. Ce fut le roi qui prit la parole :

– Bien, comme tu as dû l’apprendre, les chirurgiens m’ont examinés hier et diagnostiqués un cancer du pancréas. Il est présent depuis déjà deux an, et cela fait un an que je suis au courant. Cependant étant donné de l’organe, l’ampleur du cancer, et l’endroit où la maladie attaque, les médecins ne peuvent rien faire. Les chimios à rayons x se dérouleront toutes les deux semaines, afin de prolonger ma durée de vie. Notre voyage en Asie n’était pas que pour les affaires. Un chirurgien renommé voulait tester un de ces nouveaux remèdes miracles, mais sans succès.

– Vous avez un cancer depuis deux ans et je ne suis même pas au courant ? S’indigna Léna tout en soupirant. Son commentaire eut pour conséquences d’agacer sa mère qui haussa le ton. La reine avait l’air extrêmement nerveuse :

– C’est la seule chose que tu trouves à dire ?!

– Que voulez-vous que je dise ? Il n’y a rien à dire voyons ! Lui répondit sa fille du tac au tac.

La monarque se leva d’un seul coup avec l’envie furieuse de gifler sa progéniture, mais son mari la retint calmement par le bras, tout en soupirant.

– Laisse la donc se croire supérieur à nous. De ce fait elle tombera de bien haut le jour où elle prendra conscience des nombreuses erreurs qu’elle a commises tout au long de sa vie.

L’homme avait dit ces mots avec dédain et méchanceté avant de s’adosser confortablement sur un coussin qu’il venait de placer derrière son dos.

– Comme je le disais j’ai un cancer du pancréas. C’est irréversible, point final. Si tu veux en savoir plus sers-toi des livres et d’internet.

Léna haussa les épaules, n’ayant aucune envie de répondre quoi que ce soit.

À y penser et avec un peu de recul sur la situation, le sang froid du roi était remarquable. Car même s’il était familiarisé avec la maladie depuis un an déjà, il était tout de même en train d’annoncer sa mort prochaine à sa fille, de la même façon qu’on récite une liste de course. Et c’était vraiment déstabilisant. On se rendait encore plus compte du non-intérêt que portait le couple à leur progéniture. Et vu la réaction « je m’en fiche » de Léna, c’était bien réciproque.

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant