Chapitre 2. Ça compte pas

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Elle s'assit dans l'herbe à côté de moi, un léger sourire sur les lèvres. Je savais pas trop si elle avait envie de parler ni pourquoi elle s'était posée à côté de moi.

Violette portait une robe jaune un peu criarde, des créoles pendaient de ses oreilles et un carré de cheveux blond foncé ondulait autour de son visage rieur.

— J'suis un peu bourrée je crois, j'étais à côté de Camille à table.

J'eus un rictus compréhensif, Camille, superbe métisse et très bonne amie de Clem était aussi en « relation passionnelle et conflictuelle » avec Ivan. C'était beaucoup de mots pour dire qu'ils se disputaient la moitié du temps, et qu'ils baisaient l'autre moitié. Bref tout ça pour dire qu'elle était aussi alcoolique que son mec.

— C'était un beau mariage, murmura-t-elle en sortant de son minuscule sac à main de quoi se rouler une clope.

Je répondis pas, ayant pas la foi de faire semblant.

Du coin de l'œil j'observais la jeune femme appliquée sur sa tâche, c'était marrant, elle portait une robe habillée et ça allait pas trop avec le fait de se rouler une clope. Puis je remarquai qu'elle avait une paire de Vans old skool aux pieds.

Très classe, gamine.

— Vous faites golri les 2000 à tous porter des Vans et des t-shirt Trasher alors que vous êtes jamais monté sur un skate de votre vie.

Parfaitement calme, elle coinça sa garo au coin de ses lèvres avant de l'allumer et de me sourire gentiment.

— Alors, peut-être que les 2000 te font rire, j'suis née en 99 même si je crois pas que ça change quoi que ce soit. En tout cas, je te laisserai pas dire que je suis jamais montée sur un skate de ma vie alors que c'est comme si j'étais née dessus.

Ah tiens, du skate. Elle aurait dû aller emmerder Lomepal au lieu de moi. Peut-être même qu'elle aurait pu se le faire, il avait pas trop de scrupules.

Mais enfin, pourquoi je ramenais ça au sexe, c'était clairement malvenu, Violette était une tipeu pour un peu tout le monde ici.

— Putain elle me saoule cette robe, se plaignit-t-elle, en tentant de recouvrir ses cuisses dénudées par le tissu qui remontait.

Mes yeux se posèrent dessus.

Je m'insultai mentalement, bordel, j'étais à ce point désespéré que j'en étais rendu à mater une meuf à peine sortie de l'adolescence.

Elle surpris mon regard et même si elle ne dit rien, je la sentis un peu mal à l'aise.

— Les robes, c'est pas fait pour s'assoir dans l'herbe, grognai-je en guise d'excuse.

— C'est vrai, t'en mets souvent ? me demanda-t-elle avec un sourire révélant ses fossettes.

Ses yeux noirs me dévisageaient avec une curiosité qui me fit penser à celle de Clem, elles n'étaient pas vraiment sœurs et pourtant elles se ressemblaient.

— Non, mais j'en enlève souvent.

Classe, Papy, très classe.

Violette rit doucement, j'eus soudain peur qu'elle pense qu'il y avait un sous-entendu dans ma phrase.

Y'en avait-il ?

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