Chapitre 55. Idiote

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——Violette——

À peine éveillée, mon premier réflexe fut de me blottir contre Deen qui poussa un grognement endormi en refermant ses bras autour de moi. Je peinais à croire qu'il était réellement là, loin de toutes les choses qui nous séparaient habituellement. Dans cette maison que je haïssais.

Je ne pus m'empêcher de sourire en repensant à l'adolescente que j'étais, si seulement je pouvais retourner dans le temps, lui dire qu'un jour Deen Burbigo dormirait dans ce lit où elle se réfugiait pour écouter ses sons et ceux de tout son crew.

J'adorais les câlins du matin, c'était la meilleure chose du monde, se réveiller avec Deen, pouvoir embrasser chaque centimètre carré de son cou et sentir sa barbe contre ma joue. J'aurais voulu vivre ça toute ma vie. Enfin j'avais maintenant, et maintenant c'était déjà presque parfait.

— Ça m'avait manqué, chuchota-t-il en passant sa main dans mes cheveux.

— Quoi donc ? demandai-je

— Tes câlins du matin. C'est la meilleure chose.

Je souris de plus belle, ravie qu'il apprécie ce genre de moment lui aussi. J'avais pas envie de me lever, même si la faim me creusait l'estomac.

— T'as changé de shampooing non ?

Surprise par sa question, je m'éloignai de lui pour le dévisager avec curiosité.

— Euh ouais, enfin j'ai juste oublié ma trousse de toilette à Paris, donc je fais avec ce qu'il y a ici. Pourquoi ?

Il jouait négligemment avec la pointe de mes cheveux, je me demandais si leur texture avait une quelconque importance pour lui et qu'il sentait une différence entre le shampooing de ma mère et celui que j'utilisais habituellement. Je trouvais ça beaucoup trop drôle.

— Parce que j'aime bien quand tu sens la vanille.

Sa réflexion m'arracha un sourire niais que je cachai dans mon oreiller. Je repris vite mes esprits pour le chambrer.

— Ton amour pour la nourriture te perdra.

Il ricana et m'attira de nouveau contre lui.

— Quand tu partais en cours le matin, après avoir dormi chez moi. J'échangeais mon oreiller avec le tien parce qu'il sentait bon.

Je me laissais beaucoup trop attendrir par son visage mal réveillé, sa voix rauque et ses cheveux poivre et sel en pétard.

— T'es vraiment un gros loveur quand tu t'y mets Deenou.

— Tu me fais des gaufres ?

Ah ben voilà, la vraie raison de cette gentillesse matinale. L'estomac de Deen, tellement plus grand que son cœur.

Est-ce que toutes ces tentatives de séduction pour avoir de la nourriture avaient porté leurs fruits ?

Totalement.

— Oui. On fait un gros brunch et tu m'accompagnes à l'hôpital ?

Il hocha la tête avant de s'étirer en baillant bruyamment. J'embrassai sa joue une dernière fois avant de me lever pour aller faire la cuisine. Mais à peine debout, Deen me rattrapa par la main pour me ramener vers lui et embrasser doucement mes lèvres, je sentis mon cœur sursauter dans ma poitrine.

Est-ce que notre vie aurait ressemblé à ça si on avait eu le courage de nos choix ? Ou est-ce que le fait d'être dans une histoire d'amour impossible et incertaine décuplait tout ce que nous ressentions ?

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