Chapitre 54. On verra

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J'avais vraiment du mal à me remettre de la vision du corps abîmé de Violette.

Elle venait de se rhabiller et de répondre à un appel de Ken. Le pauvre il devait être complètement paniqué.

J'avais juste envoyé un texto général dans le train pour dire que c'était la merde, sans donner plus d'explications.

Assis sur le lit pendant qu'elle conversait avec le Fenek, je me roulais un joint bien chargé, c'était pas ce genre d'événement qui me ferait réduire ma consommation.

— Non je t'assure, j'ai pas besoin que tu viennes. Merci Ken. Oui dès qu'elle est officiellement internée je rentre à Paris, au moins quelque jours. Faut que je m'organise.

Voyant que me levais pour sortir, elle me fit signe de m'arrêter.

— Tu peux fumer dedans on s'en bat les reins.

C'était vrai qu'il n'y avait pas trop de respect à avoir pour la maîtresse de maison.

— Oui désolée Ken... À Deen...Oui il est là... Oui...D'accord je lui dis...Ça marche, promis... D'accord on se rappelle, bisous, embrasse Clem et les enfants.

Je lui adressai un regard curieux en allumant mon spliff. Elle raccrocha et me fit cadeau de son plus beau sourire.

— Ken te remercie d'être venu et il dit que t'as pas intérêt à mettre les pieds à Paname tant que tout n'est pas réglé ici, sinon, je le cite : il te casse les deux bras.

— Eh baaaah, lâchai-je.

Deux mois plus tôt il aurait été capable d'affréter un jet pour venir me niquer ma race à Genève le plus vite possible.

Violette me sourit et s'approcha de moi en tendant la main pour me demander de tirer sur mon joint. Je le lui donnai et elle se laissa tomber à côté de moi, posant sa tête sur mon épaule.

— C'est quand même dingue, mon père sort de prison et ma mère rentre en HP, murmura-t-elle avant de tousser sous l'effet du joint, Putain tu l'as chargé.

Je le récupérai et passai mon bras autour de ses épaules. Dans ma tête flottait une question :

Et maintenant ? Qu'est-ce qu'on allait faire ?

— T'as faim ? me demanda-t-elle brusquement, Parce que moi, j'ai pas mangé depuis... Euh... Putain au moins 24h.

Violette était loin d'être le genre de meuf qui sautait facilement un repas, fallait vraiment qu'elle ait eu l'esprit occupé pour pas penser à s'alimenter.

— Viens, fis-je en me levant, je vais nous faire un truc.

Machinalement je lui tendis ma main et elle glissa la sienne au creux de ma paume. Je ne la lâchai pas jusqu'à la cuisine. Après avoir ouvert placards et frigo, je disposai sur le plan de travail tous les ingrédients à peu près inspirants que j'avais découvert.

— Je peux t'aider ? demanda Violette, Tu vas faire quoi ?

Un sourire mystérieux aux lèvres, je fis danser mes sourcils.

— Grand-père ne partage pas ses recettes secrètes, ma belle, assieds toi et observe.

— Tu fais tellement le mec.

J'ignorai son air moqueur et prit un air très sérieux en enfilant un tablier. Levant les yeux au ciel, elle tenta avec difficulté de s'assoir sur un coin du plan de travail, je l'entendis étouffer un petit gémissement de douleur et sentis mon coeur se serrer.

— Ça va ?

— Ouais, je vais abandonner l'idée et m'assoir sur une chaise, fit-elle en commençant à amorcer un départ.

GaminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant