Gamins

Chapitre 65. Pleure Salope

— Entrez je vous en prie, lâchai-je.

Maya poussa Nora à l'intérieur, suivie de près par Hakim, puis Idriss.

— Tu peux aller dans la pièce juste là toi, s'te plaît demandai-je à ce dernier en désignant la chambre de Vio.

Il ne capta pas tout de suite et je lui lançai un regard explicite, alors il hocha la tête et partit rejoindre Violette.

Ça faisait très longtemps que j'avais pas eu la haine à ce point. Le pire, c'était que je haïssais la femme en face de moi, mais aimais déjà profondément l'enfant qu'elle portait dans son ventre. Et pour cette raison précise, je ne pouvais pas laisser les choses telles qu'elles étaient.

Il était grand temps d'exiger des explications.

— Elle était où ? demandai-je à Maya.

— Elle brunchait au Pain Quotidien de la rue de Varenne avec EnjoyFaucon et ElsaCupCake. Ça fait trois jours que je me tape leurs stories en pointillés où elles racontent leur dure vie de panneau publicitaire. Dieu merci c'est terminé.

Effectivement ça avait pas dû être facile. Je crois qu'elle avait pas trop idée de ce qu'on avait vécu nous, pendant ces trois deniers jours.

— Ok, dis-je, Merci Maya. On va enfin pouvoir discuter. Assieds toi Nora.

J'avais la sensation que tout mon organisme s'était changé en glace. Aucune compassion, aucune pitié pour cette meuf qui fuyait mon regard depuis qu'elle était entrée.

— Vous pouvez pas me séquestrer ici. Je vais porter plainte.

— On ne te séquestre pas, répondis-je, et t'es mal placée pour parler de porter plainte avec ce que j'ai contre toi. Maintenant plus vite on aura discuté, plus vite tu seras libre de partir.

Nora finit par me regarder, elle était complètement paumée. Je voyais qu'elle était partagée entre une profonde haine à mon égard, et le fait qu'elle arrivait pas à accepter que ce soit fini.

— J'ai plusieurs choses à clarifier avec toi, t'as capté ? Parce que... Je me suis rendu compte que t'aimais bien raconter des mensonges.

Hakim se laissa tomber sur une chaise et Nora finit par faire de même, je récupérai de quoi me rouler un joint. J'avais un peu l'impression d'être un flic en train de mener une bonne vieille garde à vue.

Sauf que celle-ci était parfaitement illégale.

— Première chose. J'aimerais comprendre comment t'as pu tomber enceinte avec un stérilet.

Son regard évita de nouveau le mien et elle fixait la table, sans rien dire.

— Réponds, ordonnai-je en haussant un peu le ton, Si tu réponds pas je te balances pour mon appart. On a tout pris en photo.

En réalité j'avais pas grand chose contre elle, mais elle était pas juriste et je savais que ça pouvait un peu l'impressionner.

— Parfois ça arrive, c'est rare mais ça arrive, finit-elle par dire.

— C'est vrai, objecta Maya, Mais ça arrive encore plus fréquemment quand le stérilet est imaginaire.

Nora la foudroya du regard, je sentais une haine électrique entre les deux femmes qui n'avaient de toutes façons jamais pu s'encadrer.

— Mikael je te jure que...

— Tu jures ? répondis-je, Tu oses jurer ? La vie de ta daronne aussi ? T'avais un stérilet ou pas ? Fais attention Nora, t'as déjà un pied en enfer, mets pas les deux.