Chapitre 74. Les matins

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Désolée pour ce chapitre tardif ! j'ai eu du mal à l'écrire...

——Violette——

C'était juste un réflexe à perdre.

Juste un putain de réflexe à perdre.

Pourtant les larmes me montaient déjà aux yeux et je dus enfouir ma tête dans mon oreiller pour les empêcher de couler. Encore une fois je m'étais éveillée en ayant totalement oublié ma séparation avec Deen, je m'étais retournée dans mon lit et mes bras n'avaient rencontré que la fraicheur de la place vide à côté de moi.

Je n'aurais jamais dû emménager avec lui, j'avais pris de trop mauvais réflexes. Pourtant j'étais dans un appartement différent maintenant, mais je ne pouvais pas m'empêcher de m'attendre à ce que la porte claque et à entendre un joyeux « T'es où chérie ? », quand je bossais mes cours pour le lendemain.

Il me manquait d'une violence... je crois que je n'avais jamais vécu son absence de façon aussi forte.

J'arrivais à entendre sa voix alors qu'il n'était pas là, à sentir son odeur alors que seuls quelques vêtements que j'avais ramenés pouvaient vaguement me la rappeler ; à sentir sur ma joue la piqûre de sa barbe quand il se penchait pour voir ce que j'étais en train de faire. Je m'attendais dix fois par jour à ce que ses bras se referment autour de moi, que ses lèvres se perdent dans mon cou, que son souffle me brûle la peau.

J'étais encore surprise de ne pas l'entendre râler quand je laissai de l'eau par terre dans la salle de bain, parce qu'il venait de marcher à pieds joints avec ses chaussettes en plein sur la flaque.

Je croyais encore qu'il était sorti fumer son joint sur le balcon quand je ne le voyais pas dans le salon.

J'avais encore le réflexe de crier « Deenou faut que tu voies ça ! » quand je tombai sur un meme ou une vidéo susceptible de le faire marrer.

J'étais encore étonnée de ne pas me prendre les pieds dans une paire de baskets quand je rentrais sans allumer dans le couloir de l'entrée.

Tout mon environnement n'était habité que par une chose : son absence.

Pas de bruit de machine à café au réveil, pas d'odeur de beuh et de clope mélangée après le passage de ses gars, pas de marcels suspendus un peu partout dans l'appart, pas de stories instagram chelous, pas d'affaires de sport qui trainaient. Pas lui.

N'emménagez jamais avec quelqu'un.

Il aurait dû y avoir des campagnes de sensibilisation à la télé pour mettre en garde contre les risques que ça impliquait. Au même titre que pour l'alcool, le tabac et la sécurité routière. Jamais de ma vie j'aurais pensé qu'on ressentait aussi fort l'absence de quelqu'un avec qui on avait vécu.

Toutes les choses qui m'apparaissaient comme « pénibles » quelques mois plus tôt  me donnaient aujourd'hui envie de pleurer quand je pensais à quel point elles me manquaient.

J'aurais limite voulu trouver de la vaisselle salle dans l'évier qui ne soit pas uniquement la mienne.

J'avais pensé qu'on resterait quand même en contact, mais c'était compliqué, il était très pris par les démarches pour retrouver sa fille, ça faisait maintenant un mois et elle n'avait toujours pas été identifiée. Il y avait trente-cinq bébés nés en mars sous X en France, dont vingt-deux filles, une bonne douzaine avait déjà été confiée à des familles d'adoption et c'était délicat de trouver laquelle était la fille de Deen. On était déjà au mois de juin et je savais qu'il commençait à désespérer.

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