Chapitre 47. Si facile

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——Violette——

J'ignorais qu'un coeur pouvait se briser avec autant de fracas. Deen et sa Grand-mère se retournèrent brusquement et je vis l'homme que j'aimais devenir pâle comme la mort en s'apercevant de ma présence.

— Vio...

— No-Nora est enceinte ? demandai-je d'une voix blanche.

La Grand-mère de Deen porta la main à sa bouche, l'air terriblement gênée par ce qui se passait, et lui était juste pétrifié, de l'autre côté de la pièce.

Jusqu'à présent, je n'avais pas pu m'empêcher d'espérer, en me disant que peut-être, il restait une infime part d'espoir pour nous dans ce monde. Mais en quelques mots, il venait de tout détruire.

Je me rappelai soudainement où j'étais quand la voix de la maman de Deen retentit derrière moi.

— Mon Dieu mais qu'est-ce qui se passe ici ?

Me baissant, je m'empressai de ramasser les débris de céramique sur le sol.

— Je suis désolée, j'ai... j'ai cassé votre plat... Pardonnez moi je suis si maladroite.

En saisissant fébrilement un morceau de plat brisé, je m'entaillai profondément le doigt et du sang vint rejoindre rapidement le désordre que j'avais déjà mis.

— C'est pas grave ma chérie, me dit aussitôt Sylvie, ne t'en fait pas on va ramasser, Mikael, amène-la se soigner dans la salle de bain.

Comme il ne bougeait pas, sa grand-mère lui donna un petit coup sur l'épaule.

— Qu'est-ce que tu as à la regarder avé des yeux de gobi ? Tu attends qu'elle se vide de son sang peuchère ? Écoute ta mère !

Mon sang goutait toujours sur les tomettes, je n'osais plus regarder Deen et bientôt je sentis sa grande main se poser sur mon épaule.

— Viens, me murmura-t-il.

Tremblante, je le suivis jusqu'à la salle de bain et fus surprise de le voir refermer la porte à clé derrière nous.

— Mets ta main sous l'eau, m'ordonna-t-il en ouvrant le robinet du lavabo, Je prépare de quoi te faire un pansement.

Dans un silence seulement perturbé par le bruit de l'eau et celui des cigales qui émanait de la fenêtre entrouverte, j'observais sans broncher le sang dilué s'échapper de ma main. Deen était si proche de moi, et pourtant, il n'avait jamais été si loin.

— Je suis désolée, finis-je par chuchoter, je n'aurais jamais dû être là aujourd'hui.

Deen ferma brièvement les yeux, je ressentais profondément son malaise, et ce depuis que nous nous étions dit bonjour dans le jardin, une heure et demie plus tôt.

Sans me répondre, il coupa l'eau et sécha ma main.

— Assieds toi là, fit-il en me désignant la machine à laver.

J'obéis, me hissant tant bien que mal en prenant appui sur ma main valide. Il saisit alors mes doigts qu'il garda dans sa paume tandis qu'il me désinfectait puis tentait de me faire un pansement avec le plus d'application possible.

— Je suis heureuse pour vous, c'est une belle chose.

C'était vrai, après coup je me disais que si Nora pouvait apporter à Deen ce dont il avait tant envie depuis quelques années, je ne pouvais qu'être heureuse pour lui. Si seulement j'arrivais à ne pas avoir mal en les voyant ensemble... Je m'en voulais terriblement, me trouvant égoïste d'être jalouse, alors qu'aimer quelqu'un c'était avant tout vouloir son bonheur.

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