Chapitre 31. Format Familial

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J'étais dans un TGV pour Toulon, le front appuyé contre la vitre, mon casque sur les oreilles. Il me tardait de retrouver mon Sud. J'avais mis sur pause la plupart de mes projets en cours. Mon album devait sortir d'ici quelques mois, il attendrait sans doute plus longtemps. Mais j'avais envie d'attendre un peu. Peut-être d'y ajouter encore une chanson.

D'un œil distrait, j'observais le paysage qui défilait, les voyages en train avaient toujours quelque chose d'un peu badant. Alors quand en plus, le moral n'était pas de la partie...

La veille, ma discussion avec Violette m'avait convaincu de partir, j'avais besoin de prendre du temps pour réfléchir loin de Paris, des gars, des meufs.

Quelques heures plus tard je retrouvai ma mère sur le quai de la gare, elle avait l'air en forme, elle m'embrassa sur les deux joues et je la suivis jusqu'au parking, son accent me redonnant déjà du baume au cœur. On était en mars, mais il faisait déjà bien plus doux qu'à Paris.

Putain ça faisait du bien de rentrer à la maison.

— Ton frère compte venir nous voir un de ces jours ? Ou il attend d'avoir fumé suffisamment de cannabis pour ne plus être en mesure de nous reconnaître ? lança ma mère en se mettant au volant.

Je levai les yeux au ciel, chaque retrouvailles avec ma famille étaient les mêmes.

— Maman... Il a du taff.

— Nous aussi Mikael, nous aussi.

On allait pas se mentir, j'aimais profondément cette femme, plus qu'aucune autre, mais il fallait reconnaître que toutes ses réponses étaient les mêmes depuis plus de dix ans que j'étais sur Paname.

— En tout cas c'est sympa, je descends te voir et toi tu me demandes pourquoi c'est pas Max qui vient. On voit lequel tu préfères.

À dire vrai, je savais très bien qu'elle aurait fait exactement la même réflexion à mon frère.

— Ne commence pas ce petit jeu avec moi. Tu sais très bien qu'on est toujours ravis de vous avoir. Tous les deux. Même si c'est rare...

Pendant qu'elle remontait dans les hauteurs de Toulon pour rejoindre la maison, je constatais avec horreur de nouvelles constructions des plus moches.

— Ah les batards, c'est quoi ces putains de baraques ? Ça nique toute la vue.

— Tu te souviens quelle est la règle en ma présence Mikael ? Surveille ton langage, tu n'es pas sur amstramgram.

J'étouffai un rire moqueur, réflexion typique de daronne.

— C'est un nouvel architecte qui a fait ça, expliqua-t-elle, tu sais aujourd'hui ils construisent de sacrés trucs. D'ailleurs ça me fait penser, tu sais ta cousine, Pauline ?

Je me rappelais vaguement d'une ado revêche qui passait son temps à râler et qu'on avait plus d'une fois jetée dans la piscine toute habillée parce qu'elle nous cassait les couilles.

— Ouais.

— Elle est en école d'architecture à Paris. Ce serait bien que tu la contactes, la pauvre, elle débarque de Marseille, elle connaît personne.

Super. Non seulement ça me filait un coup de vieux d'apprendre que Pauline n'était plus au collège, mais en plus c'était pas forcément le moment de me parler d'études d'archi.

— Ouais, on verra.

— Eh bah mon fils, il était grand temps que tu viennes, tu respires la joie de vivre.

Mon père me fit sensiblement la même réflexion quand j'arrivai à la maison. Il me demanda également quand est-ce que je comptais couper mes cheveux et ce chignon ridicule.

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