Chapitre n°4 : Incertitudes

1.5K 88 23
                                    

Partie n° 1 : La Carte Du temps

And inside I know that Et à l'intérieur je le sais

You're not here anymore Tu n'es plus là

And you won't come when Et tu ne viendras plus quand

I call your name out J'appellerai ton nom

And I've tried so hard to ignore it but Et j'ai tellement essayé de l'ignorer mais

Today I know it Aujourd'hui, je le sais

I know it Je le sais

Judith Owens – You're Not Here Anymore

Chapitre 4 : Incertitudes

Des lèvres bougent, elles forment forcément des mots et pourtant, ils sont imperceptibles. La nouvelle est tellement choquante, que depuis, entendre est devenu impossible. Les tympans sont comme agressés par de terribles acouphènes, ne laissant rien passer d'autre. L'estomac se tord de douleur, une nausée oppresse tout le corps alors que les larmes viennent.

La perte d'un être cher est toujours difficile à accepter, qu'importe que ce soit en temps de guerre ou non. Les réactions peuvent être diverses et variées mais avec la magie, c'est toujours... brutale. D'une telle violence que ça en devient incontrôlable. C'est un torture de vouloir maintenir toute cette douleur, ce mal. Cette tempête émotionnelle se déchaîne alors en libérant un pouvoir sans le moindre contrôle.

oOoOo

Je quitte mon livre des yeux pour plonger mon regard dans le vide. Je n'avais pas remarqué la date. Je viens subitement de m'en souvenir. Je sens alors une compression invisible sur mon coeur. Ceux qui disent que la perte d'une personne aimée s'allège un jour sont des menteurs. Je ne pourrai jamais oublier cette douleur. Je revois encore comme si s'était hier ma mère pousser la porte avec tristesse pour m'annoncer la nouvelle.

C'était la première fois que j'entendais ces mots : "Elle est morte". C'était la première fois que j'avais ressentie quelque chose d'aussi destructeur. C'était la première fois...

Je claque mon livre violemment, espérant que le geste puisse me distraire assez longtemps pour m'extraire de cet horrible souvenir. Je me pince l'arrête du nez en soupirant. Je crois que la malédiction qui pèse sur ma famille depuis des siècles ne fonctionne définitivement plus sur moi. Je ressens de plus en plus de choses. J'ai des sentiments. Et si pendant la guerre j'utilisais tous les plus mauvais d'entre eux pour continuer de perpétuer la tradition et être une arme digne de ce nom. Aujourd'hui... Aujourd'hui, c'est différent. Je n'ai plus aucun moyen de me cacher.

J'observe la chambre d'Anya dans laquelle j'ai dormi cette nuit et comme quand je l'ai découverte, je suis surprise par sa simplicité.
Un lit, une armoire, une table de nuit, une bibliothèque pleine à craquer et c'est tout. Elle semble ne posséder aucun objet personnel, aucune photographie. Je sais que les lycanthropes aiment montrer à tous leurs belles et grandes familles. J'en sais quelque chose, j'ai dormi avec un fresque gigantesque peinte au plafond de la meute sous les yeux pendant les deux premières semaines.

Ayant préparé ma jambe gauche il y a déjà une petite heure, je me lève pour me poster devant la bibliothèque. Mon indexe passe lentement sur les différentes tranches des livres plus ou moins cornée. Je tique même là, il n'y a aucun album photo. C'est étrange, encore plus que tout le reste en ce qui concerne Anya. J'ai beau essayer, je n'arrive pas à me faire une idée même infime de qui est cette fille. Elle est trop différente de tout ce que je connais.

Ne me regarde pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant