10. Poésie

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Ces mots gribouillés
Sur une feuille quadrillée,
Je glisse mon poème
Sous l'écorce du chêne
Évanouie par le temps.

Je corne un peu le coin et laisse ma poésie
Blottie contre le tronc de l'arbre
Recouvrer la vie.

Peut-être que la pluie
Aura effacé son visage
Peut-être que le vent
Lui fera faire naufrage
Dans les eaux infinies.

Peut-être peut-être
Qu'en perdant ces sentiments
Soigneusement en encre convertis
Je perdrai aussi
Un tout petit peu
De ma vie.

Mais vous savez les poèmes
Ne sont pas faits pour survivre.
Il sont là pour crier
Tous les mots et les maux
Qui retentissent en moi.

Tel la flamme d'un incendie
Un éclair dans une nuit orageuse
Ou un dernier cri avant l'armistice.

Ils sont là pour
Chuchoter les voix
Disparues
Pleurer les regrets
Déçus
Embraser nos amours
Perdues.

Ils sont le chant des temps révolus
La lueur d'un espoir inavoué
La chaleur d'un soir d'été.

Car vous savez
Même si la pluie
Efface son visage
Même si le vent
Lui fait faire naufrage
Dans les eaux infinies,

Mes mots n'auront pas tout à fait disparu
Tant que quelqu'un les aura lus.
Ils continueront de battre
Dans les poitrines adolescentes
À l'unisson des coeurs fébriles
Et des amours incandescentes.

C'est ça la poésie.
C'est ce petit quelque chose
Qu'il y a de grisant
Dans le fait de transformer
L'éphémère
En l'immortel.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant