54. Monstre

7 3 0
                                    

Je rentre
Quelques heures plus tard.

Je traine mes pieds
Dans la terre sèche
Et un peu de fumée s'en va
Avec mes battements de coeur.

Je n'y connais pas grand chose
En amour
Mais moi aussi
Comme notre baiser,
J'ai peur.
Peur de m'être trompée
Et de découvrir qu'en réalité
Une fille et la poésie
Ça ne peut pas s'aimer.

J'ai peur.
Car oui
Je sais ce qu'il s'est passé là.
Et aussi peu que je m'y connaisse
En amour
Je sais que c'est dangereux
De faire se rencontrer
Deux poèmes épris l'un de l'autre
Dans un malheureux baiser.

C'est dangereux
L'interdit.
Alors moi,
J'ai peur.

Pourtant,
Je sais aussi que
Cet effluve de si puissants sentiments
Et ce précieux baiser
Étaient juste de l'amour à l'état pur.
Un amour sans couleur
Ni revendications.

Juste deux cœurs battant à l'unisson.

La mélodie serait la même
Si Rose n'était pas un poème.

Moi j'aime ses mots
Mais ça personne ne veut l'entendre.
Personne n'est près à comprendre
Que le corps est la dernière chose à aimer
Parmi toutes les humaines beautés.

Alors ils continuent
De couper la terre en deux
Oubliant les amoureux
De la poésie.

Et moi
Leurs divisions
Ça me fait peur.

Car moi Rose je l'aime
Et pour rien au monde je la perdrais
Pour un théorème mathématique
Auquel ils n'ont rien compris
Et dont pourtant ils se servent
Pour détruire ma vie.

Alors je me battrai
Même si ça fait peur
Car je tiens plus à Rose et à ses mots
Qu'à ces maudites mœurs.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant