28. Correspondance

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Ma chère Ludivine
Ce n'était pas si tôt
Que je comptais revenir
T'écrire quelques mots.

Mais voilà aujourd'hui
Je suis revenu
Car au CDI
J'ai tout entendu.
Tous ces vers
Qui bouillonnent en toi
Sont d'une richesse
Que personne ne voit.
Pourtant je l'ai entendue
De ta si douce voix.
Et tes mots fébriles et émus
Se sont ancrés en moi.

Il est difficile
Je le sais
D'aimer cet art habile
Tristement démodé.

Trop dénigrent la Beauté
Sûrement jugée trop futile
Pour ces âmes élevées,
Ces esprits stériles.

Cela fait trop longtemps
Que je me délecte de tes vers...
Pardonne-moi cet affrontement
Et cette indiscrétion vulgaire.
Mais pour ma piètre défense
Sache qu'ils ne sont pas allés
Ailleurs que dans mon cœur
Par ta beauté rasséréné.
Mes mots qui était mon secret
Bien trop sentimentaux pour être beaux
Sont devenus par tes vers
L'objet de ma plus grande fierté.
Tant de ta poésie
A été profané par mes yeux
Que je commence aujourd'hui
Le rachat de tes poèmes pieux.

Tes boucles enroulées autour de mon poignet
Semblent s'éprendre de mes larmes éphémères
Berceau d'innocence et de rêves défaits
Luisant sur mes joues dans une ultime prière.

Si ton grave silence est ton seul argument
Qu'en est-il de ma faible poitrine palpitant ?
Sang de haine, d'amertume, frigide sentiment
Qui bat contre mes tempes dans son cri indécent.

Liberté ma sœur, mes espoirs, mon essence,
Pourquoi as tu lié mes mains de cet affront,
Douloureux sentiments qui bouleverse mes sens ?
Pourquoi as-tu donc fait de l'amour une prison ?

Moi je pensais qu'aimer portait chaque couleur
Que tu arbores sur ton drapeau fièrement.
Liberté de quelles armes as-tu blessé mon cœur
Pour qu'il meure, peu à peu, de ce noble sentiment ?

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant