98. Là

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Ma chère Rose

Je suis là, dans ce couloir
A attendre malheureusement
Que la sonnerie s'affirme
Dans les couloirs vides et nus.
Enfin, plus exactement,
C'est toi
Que j'attends.

Je ne me sentais pas très bien
Car pas très bien à ma place.
Là tout au fond de cette salle de classe
Je n'aurais jamais pu
Voir tes beaux yeux rêveries
A la sortie.

Ici je me sens mieux
Je pense à toi.
Je rêve ...

Car c'est peut-être la seule chose qui nous lie
Ce rêve
Le seul lieu
Où nous osons nous parler
Et — ne le nie pas —
Le seul lieu
Où nous nous embrassons.

Là il n'y a que nous
Plus de regards oppressants
Plus de caresses trop pressées
Plus de coutumes agonisantes
Plus d'amours détraquées.

Il manque des lois aux rêves
Parfois
Et si c'est bien là que dix fois
Tu m'as tuée
C'est aussi là
Que personne n'a dit non.
Là que tu m'as aimée.

Alors dans ce couloir
Blanc
C'est comme si un jour de plus
Nous rêvions
Loin de leurs rires et de cette ville puante
Là dans les prés et la douceur de tes cheveux
Qui jailli des terres
Là où quatre lèvres ont osé croire
En la beauté.

Nous sommes là
Ébouriffées par le rire et le vent
Là belles de corps à mirer nos esprits
Là où nous aurions pu tant écrire de poésie.
Je te prends la main
— Ta peau est si douce dans les matins d'avril —
Je me resserre près de toi
— Il n'y a que nous dans ce monde fantastique —
Je me penche
—Tout est imaginaire et pourtant là, va devenir vrai—

Et
La sonnerie retentit.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant