62. Accrocs

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Même mon Refuge
Semble pleurer aujourd'hui.

Les gouttes vieilles de la pluie
Coulent sur les feuilles abîmées.
Quelques cercles
Dansent dans les flaques
Mais tout semble avoir
Le parfum de ses cheveux.

C'est ridicule tout de même.
J'étais simplement amoureuse
De sa poésie
Et elle est toujours là elle, ça oui,
Immortalisée d'une écriture penchée
Côtoyant de si près le bout de mes doigts,
Sur du papier quadrillé.
Je n'ai pas perdu
Théoriquement
La beauté que j'ai aimée

Alors pourquoi
Pourquoi est ce qu'elle me manque tant ?

Je m'assois
Prends un stylo
Attend attend attend
Sans que rien ne vienne.

Même les mots m'ont abandonnée.

Le vent s'engouffre
Dans les manches de mon blouson.
Et je sens
Comme je ne l'ai jamais ressenti,
Le vide.

Elle me manque je crois
Ça fait comme un petit trou
Dans mon cœur.
Comme les petits accrocs
Qu'on se fait sur les pulls en laine
Tricotés par mamie
Au début de l'hiver.
Au début ce n'est presque rien
On le remarque à peine
Et puis les jours passent
Le petit trou s'accroche à de plus en plus de choses
Et bientôt on ne voit plus que lui
Sur le joli pull de mamie.
On tente de le réparer avec nos doigts engourdis
Mais c'est toujours pire
Après.
On enfile une parka par dessus
On laisse pousser ses cheveux
On tente de faire un pli juste là
Juste sur lui
Mais rien à faire.
On a beau essayer de l'oublier
Chaque miroir est là pour nous le rappeler.
On ne voit que lui
Sur le joli pull de mamie.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant