93. Rêverie

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Je n'ai pas revu Cloé.
Comme un songe oublié
Une illusion rêvée.
Elle a disparu
Comme elle est apparue.

Pas de lèvres pour sourire
De temps de lui dire merci.
Elle restera
Ma bonne étoile,
Ma marraine fée
D'une plage
Face à l'océan,
Toute bleue et pleine de lumière,
Abandonnée
Dans mes souvenirs.

Les routes défilent
Et même le sillage de l'avion
Ne demeure qu'un souvenir.
Tous les paysages s'évertuent
A me divertir,
Se succédant sur ma fenêtre
Comme de vulgaires
Clowns de chiffon.

Tout pour me divertir
Mais rien pour me distraire.
Comme un espoir lancé en l'air
Sans volonté de devenir.
Ses yeux
Ses yeux hantent les miens
Mauvais jeux de mots
Aux mots destructeurs
Et tout mon paysage devient
Ce que crédule
Je voudrais qu'il devienne :
Elle.

Comme perdue comme aspirée
Par ce visage fantastique
Que les collines tracent
Et l'aube colore
J'oublie un instant mes piètres secondes
Et me laisse mourir
Dans mes mirages utopiques.

Plus le souffle de ma petite sœur
Qui caresse mon épaule,
Plus le doigt de ma grande sœur
Qui se blottit contre mon poignet.
Même plus
Le murmure de la radio,
Le gribouillis des chuchotis,
Et la lumière rose qui blanchit ma peau.

Tout se délite
Et tout s'arrache au temps
Vers ce monde éternel
Que seuls les rêves savent nourrir.

Il n'y a plus qu'elle
À un endroit où seule la Beauté
Serait nécessaire pour s'aimer
Sans plus de justification.

Juste des mots
Quelques paroles.
Un baiser peut-être.

Le temps n'y courrait pas
Comme il défile sous mes paupières.
Et ne nous précipiterait pas
Vers nos jours redoutés.

Nous rêverions ensemble,
Et ce serait suffisant.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant