102. Silence

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Il fait nuit
Nuit pour laisser place au silence
Qui danse nu au milieu des étoiles.

Trop timide assis au fond de la classe
Il faut que tout le monde se retourne,
Tirer les rideaux
Et faire cesser le monde
Pour qu'il puisse faire entendre
Comme sa voix est douce et étrange parfois.

On n'écoute que trop peu
Les absences.
Comme une mauvaise hiérarchie
Qui préférerait les souvenirs
A l'oubli.

Mais c'est beau le blanc :
Ça laisse de la place aux rêves.
On devrait tous avoir cette imagination de petite fille,
Cette imagination
À vouloir éteindre tous les cris
Qui font oublier ce qu'est la douleur,
À ne pas supporter les mélodies des grandes personnes
Qui résonnent trop à ne pas faire résonner les cœurs,
À détester tous les mots
Quand ils sont profanés à haute voix,
À haïr ces caresses jamais assez amoureuses
Qui brisent la couleur
Du bonheur.
On devrait tous effacer
Les lignes des cahiers
Pour dessiner en dehors des marges
Des soleils aux couleurs pastel.

Car il y a une beauté
Là regardez
Entre ce mot-là

Et celui-ci.
Regardez bien.

Et puis
Le vide parfois
Il ne faut pas l'oublier
Laisse un peu plus de place à notre poitrine
Et nous insuffle dans les poumons
La force dont nous rêvions.

Un peu comme une étreinte tombée du ciel.

Alors
Dans le bruit infini de la nuit
discrètement,
Je me suis retournée
Pour voir le visage de celui
Qui hante mes pensées
Inonde mes amours
Triomphe de mes larmes
Mon plus bel ami           en somme.

Le
Silence.

Je n'ai pas été déçue.

Sous ses airs d'introverti
Et ses traits d'insipidité
Il dégage
Une chose étrange qui plane dans l'air
Comme un petit grain de poussière.

Alors on s'est assis
On s'est regardé.
On s'est embrassé,
Aussi.
Souvent.

Et j'ai compris.

J'ai enfin mis le doigt
Sur la réponse.

La réponse
                   que j'attendais.

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