100. Physique

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Il y a parfois des mots qu'on oublie pas.
Des phrases toutes simples
Qui traversent l'air
Par on ne sait quel miracle.
Alors on bénit les lois de la physique
On adore ce vide qui est si transparent
Assez pour voir ses lèvres bouger
Et s'assurer
Que l'on a pas rêvé.

On se dit que c'est fou,
Avec tout ce vide si plein
Qu'il y a entre nous.
On arrive tout de même à entendre des choses
Qui illuminent des journées.

C'est merveilleux la science.

Car l'oxygène parfois devient inutile
— Plus besoin de respirer.
Et puis toutes ces molécules qu'il y a entre nous
Disparaissent.
Comme pour que l'on puisse mieux
Se regarder.

Tout
Disparaît.
Quand dans un élan l'on croise son parfum de fleurs
Balayer tendrement les trottoirs printaniers
Et monter soudain vers vos cœurs ivres d'espoir,
Desséchés de renouveau.
Alors tous vos sens s'éveillent et soudain
La lumière devient
Ce qui depuis tant d'années l'avait attendue :
Un souffle singulier qui calcine les odeurs pourries
Et qui fait flamboyer les désillusions meurtries.

Et tout ce qui avait disparu
Commence à exister pour la première fois.
Et alors vous entendez sa voix :

Salut

L'air était assez transparent
Pour voir que ses prunelles
Ont demeuré dans les miennes.

Elle m'avait parlé.
Pas vraiment un sourire,
Mais elle a soutenu mon regard.
Et cela fait, de nous deux,
Notre plus belle victoire.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant